L’accès à l’eau est un enjeu stratégique en général, renforcé à Mayotte qui a vécu des temps de pénurie il y a deux ans, avec des tours d’eau dans le sud. Un spectre que personne ne veut revoir, et pour lequel Moussa Mohamadi Bavi, le président du Sieam, s’est voulu rassurant tout au long de son discours de vœux ce vendredi : « Les Mahorais sont à l’abri de tout risque de pénurie d’eau. » A condition de redresser réellement la pente.
Car depuis la pénurie, il y a eu le Plan urgence en Eau, et surtout, un audit de la Chambre régionale des Comptes, pointant un pilotage catastrophique, centré sur le président, excluant son DGS, et une baisse de moitié de la productivité du Sieam. La crise de l’eau n’a fait que mettre en valeur ces dérives. Il a donc fallu corriger, ce que Bavi résumait par « un mal pour un bien », évoquant un suivi des recommandations de la CRC, « par une commission créée pour cela, avec un bilan dressé d’ici 6 mois », comme cela avait été annoncé. Mais aussi le Contrat de progrès signé fin juillet avec l’Etat, qui offre une planification des projets sur 3 ans « ainsi qu’un engagement de financement. » Il se monte à 141 millions d’euros, répartis en 67,5 millions d’euros pour l’eau potable, et 73,5 millions d’euros pour l’assainissement, d’ici 2020, dont 35 millions d’euros de fonds Sieam.
« Il m’arrive de les trouver exigeants ! »
Il en va de l’avenir des investissements en eau potable et en assainissement : le Contrat de progrès très encadré, et selon l’aveu même du président du Sieam, « l’Agence Française de Développement et la Caisse de Consignations sont tous les vendredi chez nous pour optimiser la mise en œuvre de ce Contrat. Il m’arrive même de les trouver exigeants, mais le soir, je me dis, non, ils sont très bons ! »
Sur la branche eau potable, le Sieam va optimiser la télémesure, améliorer le rendement du réseau de distribution, dit avancer le dossier sur le barrage de l’Ourovéni, doit initier de nouveaux forages, protéger les points de captage, et lancer la mise en service complète de la nouvelle usine de dessalement en Petite Terre.
Sur la branche assainissement, les stations d’épuration de Mamoudzou sud, Koungou, Petite Terre, Tsingoni et Bouéni seront lancées, et une politique de branchements doit être mise en œuvre.
Dialogue renoué avec la SMAE
De ce côté, les choses stagnent, et Bavi annonçait un scoop : l’externalisation de l’assainissement, « nous allons confier à un tiers le service public de l’assainissement ». Comme pour le service de l’eau potable confié à la SMAE, une Délégation de Service Public sera lancée pour l’Assainissement, « c’est en cours », apprenait-on.
Autre scoop : ce vendredi matin, plusieurs délibérations ont été adoptées par les élus du Sieam, dont la renégociation du contrat d’affermage signé avec la SMAE. Pour mémoire, il y a 5 ans, la modification de l’avenant sous le président Maoulida Soula avait été retoquée par le contrôle de légalité, et en décembre, Bavi avait menacé de rompre le contrat au regard des bénéfices jugés excessifs engrangés par la SMAE par rapport au termes du contrat initial. Nous ne sommes donc plus dans le clash, les élus renouent le dialogue avec leur délégataire.
Pour avancer dans leur plan pluriannuel d’investissements, les cadres du Sieam ont suivi une formation aux fonds européens par le cabinet EFINAD.
La journée se terminait par une distribution de médailles aux agents qui sont depuis plus de 20 ans dans la maison, née sous l’appellation SEAM en 1989, et qui n’avait en 1992 que 3 agents… 27 ans après ils sont une centaine.
Anne Perzo-Lafond
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