« La destruction de l’habitat illégal, ça faisait des années qu’on ne le faisait plus ! 174 bangas ont été détruits, dont une centaine sur le terrain Batrolo à Kawéni », détaillait le préfet, qui revenait sur le contentieux perdu au tribunal administratif, « une question de pièces incomplètes, nous avons gagné tous les autres procès. »
Des actions que le représentant de l’Etat va continuer à mener, « avec le renforcement des pouvoirs administratifs du préfet permis par la loi ELAN. »
Sur le plan plus général de la lutte contre l’immigration clandestine, les particularités d’une année faites de plusieurs mois de blocage des reconduites officielles, « aucune en avril, mai et juillet, une centaine officieuses en juin dans une zone grise de discussion avec les autorités comoriennes », se concluent sur 15.000 expulsions en 2018, -24% par rapport à 2017, « avec une forte reprise de 2.400 en décembre. »
Mais ce retrait tient aussi dans « la faible disponibilités des moyens nautiques », en raison du blocage des équipages « pendant la période de grève », « moins de détection radars », et un « changement tactique des passeurs, plus rapides et moins chargés ». 215 kwassas ont été interceptés, moitié moins que l’année précédente. La modernisation et le renouvellement des moyens nautiques devraient changer la donne, « deux nouveaux intercepteurs ont été commandés », en plus des deux récemment livrés.
La douleur du portefeuille
Les acteurs vont également changer de stratégie, « avec davantage d’occupation du terrain à Mtsamboro. »
Les filières installées ont été particulièrement ciblées : travail illégal, marchands de sommeil, « des activités qui dégagent des millions, et ce n’est pas de la compassion, mais de l’exploitation de la misère humaine », et pour lesquelles les fautifs risquent jusqu’à 15.000 euros de sanctions. Sur le dernier trimestre 2018, 6 filières œuvrant dans « l’écosystème de l’immigration clandestine » ont été démantelées.
Rien de facile, explique le procureur Camille Miansoni: « Parfois, nous saisissons les terrains des auteurs des faits, en vue de confiscation. C’est souvent mal compris par la population. Mais on ne peut pas s’attaquer à l’immigration clandestine si on ne s’attaque pas à ses ressorts. Nous travaillons aussi avec EDM sur la redistribution d’électricité, car certains particuliers ont des factures dignes d’un industriel ! » Il évoque des décisions judiciaires « parfois mal comprise, nous devons faire plus de pédagogie ».
Réfugiés des Grands Lacs
Le document cadre franco-comorien porte sur la coopération bilatérale, et notamment sur la surveillance des frontières, « nous avons demandé l’installation d’un radar à Anjouan, avec possibilité d’un double écran de contrôle, dont un pour Mayotte. »
On assiste également à un doublement de l’afflux de migrants africains en provenance des Grands Lacs, Rwanda, Burundi, Est du Congo : « Ils représentent plus de 500 demandes d’asile sur les 839 reçues en 2018. » Pour l’instant 420 ont été accordées, « les demandes en provenance d’Anjouan sont quasiment toutes refusées par l’OFPRA », y compris celles qui ont été portées par les révoltés de la médina de Mutsamudu.
Les atteintes à l’environnement ne sont pas oubliées, « avec la destruction de 6 hectares de cultures illégales en 2018, et de 3 hectares rien que sur le mois de janvier 2019. Et il y en aura d’autres, en s’appuyant notamment sur un futur plan. »
Anne Perzo-Lafond
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