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vendredi 22 novembre 2024
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1ère semaine de l'apprentissage : "Nous sommes en mal d'apprentis"

Une nouvelle apprentie avait investi le salon de coiffure RUN & SENS ce mercredi. Il s’agissait de promouvoir ce mode de formation qui colle au terrain et à la réalité de Mayotte. Mais tout n’est pas encore en place pour son développement, on part de très loin.

L’apprentissage qui devrait être une autoroute rêvée vers l’emploi à Mayotte pour les jeunes, est quasiment inexistant. De 400 apprentis en 2003, nous sommes passés à 280 actuellement. Car, ce système qui permet d’avoir très tôt un pied dans un boulot, et l’autre dans les études, connaît très peu de filières à Mayotte. Jean-Denis Larroze, Secrétaire général de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat, en donne les raisons.

« Pour développer l’apprentissage, il faut d’abord un CFA, un Centre de Formation des Apprentis, qui dispense les formations théoriques et pratiques, mais inexistant à Mayotte depuis sa fermeture par le préfet en 2003. Quatre Unités de Formation des Apprentis, ont été créés, au sein de lycées, mais pour en créer d’autre, il faut un CFA. » Il y a 2 ans, l’Education nationale a créé un CFA Académique pour ses structures, et un CFA consulaire, était annoncé. Il est d’ailleurs à l’étude, « nous venons de lancer les discussions avec la Chambre de Commerce pour un CFA interconsulaire de formation ».

La loi Avenir professionnelle du 5 septembre 2018 modifie en profondeur la gouvernance et le financement de notre système de formation professionnelle, « on pourra créer un CFA sans passer par le préfet, sous condition que l’organisme qui le propose possède une certification. Elle peut être déclarative, sans réelle obligation de résultat, ou contraignante ». Et depuis quelques jours, après 2 ans de travail et avoir déboursé 50.000 euros, la Chambre des Métiers a obtenu la certification contraignante ISO 9001 Version 2015, « nous sommes les seuls à Mayotte avec le RSMA ».

« 1,4 million d’euros à récupérer »

Jean-Denis Larroze annonce avoir obtenu une certification contraignante

Autre changement, les financements de formation ne seront plus assurés par le conseil départemental, mais par un organisme de collecte, l’OPCO, « qui n’existe pas à Mayotte. Nous travaillons avec la ministre du travail pour trouver une solution. »

Les Chambres consulaires sont chargées, à la place de la Dieccte, d’enregistrer les contrats d’apprentissage, « tant mieux, car cela n’était pas fait à Mayotte, faute de compatibilité de fichiers », mais cette opération devra bientôt être faite par l’employeur dans le cadre de la dématérialisation, « nous demandons à garder la main à Mayotte où beaucoup d’artisans n’ont pas d’ordinateur. »

Enfin, Jean-Denis Larroze espère récupérer le produit de la taxe d’apprentissage, 1,4 million d’euros, « qui part globalement vers l’Education nationale et qui devrait revenir au seul apprentissage ».

Mais il faut aussi des entreprises ouvertes à la prise en charge d’apprentis, « elles ne sont pas chaudes, il faut donc développer l’offre. Nous allons pouvoir capter des financements européens pour ça. »

La coiffure en demande

Ingrid Naminzo: “Peu de jeunes filles se présentent au salon”

Pour lancer à Mayotte la 1ère semaine nationale de l’Apprentissage, la CMA a choisi de faire une opération de com. Les élus du Département, financeur, ont donc été contactés pour revêtir les habits d’apprentis, « seuls deux ont répondu ». Mariame Saïd, Conseillère départementale chargée de la Formation professionnelle, pour la coiffure, et Issa Issa Abdou, VP Chargé de l’Action sociale, comme boulanger, « il nous a dit ‘ce serait une faute professionnelle de ne pas accepter’ ».

Ce mercredi, shampooing et sèche-cheveux ont défilé entre les mains de Mariame Saïd, au Salon de coiffure « RUN & SENS » à Kawéni : « J’ai accepté de me prêter au jeu, car la coiffure est un métier d’avenir. Bien être et beauté seront toujours l’idéal de la femme. L’apprentissage est un bon levier pour la jeunesse ou les adultes qui veulent changer de métiers ». Un virage professionnel pour Mariame Saïd ?…

RUN & SENS S’était transformé en plateau média ce mercredi, ce qui n’était pas pour déplaire à sa gérante, Ingrid Naminzo : « Je suis heureuse d’accueillir ce lancement de la Semaine de l’apprentissage, car nous sommes en mal d’apprentis. Il y a une section coiffure au lycée polyvalent de Kawéni, mais peu se présentent au Salon. Et d’autre part, pour accéder dans ces sections, il faut des maîtres de sage, qui sont en nombre limités à Mayotte. IL faudrait pouvoir s’en passer. »

Pendant ce temps, des clientes se font chouchouter par l’élue, coiffeuse d’un jour. Ce jeudi, ce sera au tour d’Issa Abdou de gagner son pain en jouant au mitron.

Anne Perzo-Lafond

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