Le chômage en 2018 a atteint un niveau record à Mayotte selon l’Insee qui présentait ce mardi les résultats de son enquête emploi. Selon l’organisme public, 35% des habitants de Mayotte en âge de travailler recherchent un emploi. “Un taux jamais atteint dans aucun département d’outre-mer” indique Jamel Mekkaoui, directeur de l’antenne locale de l’Insee.
Ce travail réalisé chaque année est indépendant des chiffres fournis cycliquement par Pôle Emploi. L’enquête de l’Insee porte sur toute personne en 25 et 64 ans, et sa définition du chômage est celle du Bureau international du travail (BIT). Est ainsi considéré comme chômeur tout habitant en âge de travailler, qui n’a pas travaillé une seule heure “dans la semaine de référence”, qui est disponible dans les 15 jours pour un emploi, et qui effectue des démarches actives de recherche.
A Mayotte, 25 600 personnes répondent à ces critères, soit 5 points de plus qu’en 2017. L’Insee annonçait alors 26% de chômage mais ce taux a été réévalué à l’aune des chiffres du recensement. En clair, cela représente 5000 chômeurs de plus.
Il faut y ajouter 25800 personnes recherchant un emploi mais ne répondant pas à un des critères susmentionnés, notamment la recherche active. En tout, ce sont 51400 personnes “sans emploi mais qui souhaitent travailler” dénombre l’Insee.
Néanmoins ces chiffres sont à mettre en perspective avec le contexte. L’enquête a été réalisée d’avril à juin 2018, dans le sillage des mouvements sociaux.
Cette période est marquée une une baisse des créations d’entreprises, et donc un recul de l’emploi non salarié. L’emploi à domicile a aussi pâti de ce contexte.
Autre angle d’explication, la baisse des contrats aidés. Il y en a eu 1900 de moins en un an. L’emploi dans les collectivités locales a baissé de 2000 postes.
A l’inverse la fonction publique d’Etat et la fonction publique hospitalière ont créé 1700 emplois, et les entreprises en ont créé 800.
Au final il résulte de ces changements une perte de 1400 emplois sur l’année, alors que la population active croît de 3600 personnes par an. De 2017 à 2018 les habitants en âge de travaillé ont augmenté de 4500 personnes. C’est cette balance qui explique la forte hausse du chômage.
A noter aussi que les publics les plus impactés sont les femmes et les natifs de l’étranger. Les premières étaient en effet les principales bénéficiaires des emplois aidés, et leur nombre (en âge de travailler) a augmenté de 2400.
Il est aussi à noter que ces chiffres reposant sur une enquête de terrain et des déclarations, ils incluent l’emploi informel. Ainsi seul un tiers de la population en âge de travailler a déclaré avoir un emploi.
Il faudra désormais attendre 2020 pour savoir si ces chiffres indiquent “une tendance de fond ou une exception statistique”.
Y.D.
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