Est-ce bientôt la fin des hôtels abandonnés sur la plage ? Des croisiéristes perdus rue de l’Hôpital et des compétences qui se télescopent entre le Département et les communautés de communes ? C’est ce que laisse entrevoir le lancement ce lundi au Conseil départemental du Schéma régional de développement touristique. Un vaste projet qui doit aboutir d’ici la fin de l’année à un programme concret exposant ambitions, stratégie et objectifs datés.
Il y a pourtant eu bien des initiatives pour développer le tourisme à Mayotte, mais avec “des résultats assez limités” constate le cabinet conseil Horwath, mandaté par le Département pour ce schéma régional. Autre prestataire, une boîte de communication chargée de “construire une marque touristique à Mayotte pour émerger, se développer, s’appuyer sur sa culture et sensibiliser l’ensemble des acteurs et la population”. Vaste programme. On ne peut qu’espérer un résultat plus glorieux que le slogan choisi pour le département de l’Aisne en 2013 qui, soucieux de saisir le touriste anglophone, avait débouché sur des affiche en 4 par 3 à Paris affichant “L’Aisne, it’s open”. Stupeur et moqueries à la clé.
Pour le duo cabinet conseil-boîte de com, la priorité est de “faire des choix. Quand on veut travailler sur tous les sujets, on finit par mal les travailler. Quand on est dans l’émergence, il faut travailler sur des projets à fort effet de levier, des choix clairs”. L’enjeu, redorer le blason “Mayotte”. “On est sur un territoire avec un problème d’image, avec des difficultés sociales, le tourisme a ce pouvoir extraordinaire de changer une image, pas en une jour, mais en une décennie”. Et les prestataires de décliner leur expérience en la matière dans des territoires jugés analogues comme la Mauritanie ou le Kazakhstan.
Pour les spécialistes du tourisme, il faut se concentrer sur la notion d’identité régionale et les qualités humaines de Mayotte.
Sur le principe rien à redire, mais des réserves ont vite émergé parmi les participants à cette réunion de travail. “On est une culture orale, il faut adapter la communication pour toucher les gens qui ne lisent pas. De plus ce document stratégique doit être opérationnel, pas un séminaire de plus” exprime l’un.
“Il faut donner la chance à la population de découvrir son propre territoire” complète David Hervé de la Jeunesse et des sports, soucieux de ne pas penser qu’au tourisme extérieur. Qu’est-ce qu’on propose à ceux qui vivent ici ?”
Et quid de la piste longue ? Si on la réalise il faudra la rentabiliser en remplissant les longs-courriers constate un participant, où loger tout ce monde ? Même question si on vise un autre tourisme que celui de masse, avec du coup un public plus aisé et plus tatillon sur le confort.
Et les déchets ? “Le premier objectif est de rendre Mayotte propre et jolie, plaide le maire de Tsingoni. Si moi même en me levant le matin je ne suis pas content de mon territoire, je ne pense pas pouvoir faire venir d’autres personnes”.
Autre crainte exprimée, que les élections de 2021 ne viennent remettre à plat les décisions de cette année, au risque de repartir de zéro. Mais le schéma régional de développement touristique étant une obligation réglementaire, il engagera le territoire et non la majorité, assure le Département. Les objectifs qui seront posés sur le papier devront donc suivre leur cours. En espérant que les questions de logement, de piste longue, de déchets, et d’argent, n’empêchent pas les bonnes idées de sortir du papier en question.
Y.D.
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