De loin, on pourrait se croire au marché des Capucins à Bordeaux : « Moi j’ai des palettes inutilisées après déchargement. Elles partent à la poubelle. Qui a une solution ? » Autour de chaque table, 5 ou 6 participants qui doivent réagir encore plus vite qu’au jeu de la crapette de notre enfance. Car passé quelques secondes, si aucune solution n’est trouvée, on passe à quelqu’un d’autre. « Moi, oui, j’en aurai besoin pour faire des meubles ! », répond son voisin. Une feuille est remplie : c’est une synergie de plus qui vient d’être cochée.
Si des chefs d’entreprises avaient du mal à toucher du doigt le concept d’économie circulaire, la matinée d’ateliers synergies inter-entreprises proposée par la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) et la communauté d’agglo CADEMA, les aura plongés dans le grand bain.
L’événement s’inscrivait dans le cadre du Programme Territorial de Synergies Inter-entreprises. Ces ateliers de rencontre permettent de créer une dynamique que n’auraient pas soupçonnée ces dirigeants.
« C’est une première à Mayotte et même dans l’océan Indien ! Nous appliquons l’économie circulaire au modèle économique précisément. Par exemple, au lieu de constituer chacune leurs réserves d’eau en prévention des incendies, les entreprises d’une même zone peuvent mutualiser leurs moyens, et investir dans une citerne plus grosse », nous explique Laurent Georgeault, que nous avons la chance d’avoir en permanence sur le territoire. Docteur en Economie circulaire, chercheur associé à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Auteur chez De Boeck Supérieur, de « Economie circulaire, Système économique et finitude des ressources ».
Du carton au covoiturage
Les déchets de l’un deviennent les ressources d’un autre, « un concept qui nous vient du Royaume Uni », nous explique Alexandre Kesteloot, Directeur du Pôle développement économique à la CCI. Il se réjouit de voir l’efficacité des échanges, puisqu’au bout d’une heure et demi, 60 synergies, des échanges donc, avaient été définies. A l’heure du bilan, les chiffres explosent littéralement : « Il y a eu 419 synergies trouvées entre les entreprises, dont 70 services. Cela peut-être du covoiturage, de la colivraison, de la formation, de la maintenance, et toutes autres formes de services. » Il enregistre aussi un gisement de 108 ressources.
Parmi les fiches, le recyclage des huiles de friture, des cartons, des bouteilles d’eau vide… chacun fait son marché !
Au final, les entreprises devraient pouvoir économiser sur leur approvisionnement en matières premières, et/ou réduire leurs coûts en mutualisant les produits ou les services visés, avec d’autres entreprises. Et bien sûr, cerise sur le gâteau, améliorer leur performance environnementale.
Elles recevront ensuite un bilan collectif et individuel, et pourront concrétiser les échanges du jour au cours de groupes de travail.
Anne Perzo-Lafond
Comments are closed.