Des zones d’ombre demeurent dans cette affaire assez simple de prime abord. Tout commence lors d’une sortie de l’association des Naturalistes de Mayotte à Soulou, site que l’association connaît bien, tant pour son ancienne usine sucrière, que pour sa belle mangrove.
En août 2017, le président de l’association Michel Charpentier constate qu’une quinzaine de palétuviers a été coupée, ainsi que 7 arbres d’essences diverses. Non loin du saccage, deux bangas en bois ont été bâtis, et un troisième est en construction “plus à l’intérieur des terres”. Pourtant, la mangrove est protégée, et cette zone, propriété de l’Etat et gérée par le Conservatoire du littoral, est interdite de toutes constructions.
L’association signale la coupe illégale et les constructions, et peu après, la Deal vient constater les dégâts. Un suspect est découvert sur place. L’homme d’une cinquantaine d’années commence par affirmer que les agents sont chez lui, que c’est sa propriété, avant d’être arrêté. En garde à vue, il affirme avoir géré ce “chantier”.
En novembre dernier, lors de sa première convocation au tribunal dans cette affaire, il évoque pour la première fois “une association” qui a vocation à “organiser des voulés” sur ce site protégé. Le procès est reporté. Mais jusqu’à ce mercredi, le mis en cause ne lâche aucune information sur d’éventuels complices.
Des accusations “invérifiables”
Il était donc jugé seul. Mais coup de théâtre, en pleine audience, l’homme remet sur la table ses propos de l’année dernière. Il affirme avoir été engagé par une association, dit n’avoir dénoncé personne avant “par peur” et accuse un agent de transports scolaires, un policier municipal et le premier adjoint de la commune d’avoir orchestré le “chantier” et fourni le matériel.
“Zoubert nous avait dit que ça appartenait à la mairie” jure-t-il, ciblant le premier adjoint de M’Tsangamouji. Le nom de Zoubert Alaoui figurait bien sur le procès verbal dressé par la Deal, mais aucune charge n’a été retenue au pénal contre l’élu pour la coupe des arbres.
Des accusations en plus, “bien tardives et invérifiables” regrette la procureure Chloé Chérel. Peut-être le prévenu espérait-il ainsi obtenir un supplément d’information, qui aurait reporté le procès de plusieurs mois. Raté. La substitut réclamé à son encontre 4 mois de prison avec sursis simple et 3000€ d’amende dont 1500 avec sursis. Le délibéré sera rendu mardi prochain.
L’affaire ne sera toutefois pas totalement finie. L’homme jugé ce mardi l’était uniquement pour la coupe des arbres, et d’autres responsabilités peuvent encore être pointées pour la construction des cabanons qui elle, n’a pas encore été jugée.
Y.D.