L’opération « Ramadan pour tous » se déroule maintenant chaque année, avec des distributions de denrées alimentaires à 143 cocos et bacocos, les personnes âgées de la commune. Ils sont de nationalité française ou titulaires d’une carte de séjour de 10 ans, et sont âgés de plus de 60 ans, au lieu de 65 ans l’année dernière, bénéficiaires du RSA ou d’une retraite de 400€ maximum ou de l’ASPA, l’Allocation de Solidarité aux personnes âgées.
Auparavant, le maire allait symboliquement au domicile des bénéficiaires, mais cette année, c’est au Centre communal d’Action sociale (CCAS) que sont remis tout au long de la semaine les colis Ramadan, aux 8 villages de la commune. Ce mardi, les villages de Kawéni et Mamoudzou étaient conviés, puis ce sera M’tsapéré et Passamainty mercredi, Tsoundzou et Vahibé, jeudi et enfin, Cavani vendredi.
Dans la grande salle du CCAS, des tâches vertes et oranges donnent une autre allure aux colis cette année, puisque les fruits et légumes ont fait leur entrée en force, aux côtés des kilos de farine et de sucre, comme nous l’explique la diététicienne de Rédiab Ylang, Ségolène Guisset : « La mairie est venue vers nous pour que nous les aidions à proposer des produits couvrant l’ensemble des besoins alimentaires. » Exit donc les ailes ou les cuisses de poulet et les sucreries, place aux brèdes mafane et autres (feuilles du type épinards), et à 2 poulets entiers de la marque Mon Pouletti, ou à du poisson frais. Moins réjouissant pour les gourmands donc, mais ils pourront aussi cuisiner les fruits maison, en confectionnant tartes et compotes.
Des fruits d’importation
Selon l’ARS, « des études menées par Nutrimay de 2006 et Maydia de 2008 réalisées sur le territoire par la DASS de Mayotte ont mis en exergue les principales tendances qui favoriseraient des profonds déséquilibres alimentaires auprès des populations mahoraises » :
– Une prévalence élevée de l’obésité chez les femmes et des maladies liées à l’obésité (hypertension artérielle, diabète) ;
– Une personne sur 10 est diabétique entre 30 et 69 ans. Parmi les diabétiques, 79% d’hommes et 94% de femmes étaient en surpoids ou obèses ;
– Près d’une femme sur deux est obèse (17% d’hommes, 47% de femmes) ;
Par contre, à côté des papayes de la mahoraise Coopac, trônent des oranges et des poires d’importation : « Nous manquons de fruits locaux à cette saison, nous avons donc du compenser », explique la mairie. On trouve aussi des produits laitiers, des féculents à travers un sac de 5kg de riz, quant au poisson, c’est un bon qui permettra d’aller en chercher un frais entier à la Copemay.
“Manger local”, c’est manger sain, et… moins
Une coco, Abdallah Fatima, charge ses victuailles comme si elle faisait son marché, en déposant avec délicatesse la plaquette de 20 œufs dans son sac, c’est son fils qui portera le tout jusque chez la vielle dame, qui, quand on lui demande son âge répond en souriant, « seule ma mère connait mon âge ! »
Les bénéficiaires des colis ramadan ne sont jamais les mêmes d’une année sur l’autre. La mairie consacre 15.000 euros en 2019, « mais en réduisant un peu la quantité car les produits locaux, ça coûte cher ! Mangez sain en se nourrissant localement, ça a son prix ! », s’exclame Mohamed Moindjié, adjoint au maire chargé de l’aménagement, tout en aidant à charger les produits alimentaires. Il se plaignait d’un manque d’écarts de prix significatifs entre les trois gros distributeurs de la place à Mayotte.
En tout cas, 143 familles vont pouvoir grâce à la mairie et son CCAS, partager un foutari révolutionnaire ce soir, où les poires feront leur entrée.
Anne Perzo-Lafond
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