Alors que l’arrivée du président Macron prévue en septembre-octobre est toujours signalée comme synonyme d’annonces sur l’allongement de la piste, les revendications contre la cherté de l’aérien et le monopole d’Air Austral montent d’un peu partout. Des manifestations sont prévues ce samedi 15 juin à Marseille, La Réunion et Mayotte. Le désenclavement de la desserte devient donc urgent, les pannes des appareils d’Air Austral l’ont suffisamment souligné.
C’est l’occasion de ressortir le bon vieux débat public de 2012 qui avait fait saliver aux sens propre comme figuré, la population mahoraise, avec des réunions tenues dans les différentes communes de l’île sur l’utilité ou non de rallonger la piste. L’introduction de la Commission de Débat public était déjà alléchante, « le projet, permettant une liaison directe (de Mayotte, ndlr) avec la métropole, constitue un élément essentiel de dispositif de continuité territoriale et revêt de ce fait un caractère d’intérêt national », et sa conclusion quasiment un adoubement, demandant de « poursuivre le projet de piste longue adaptée aux vols long-courriers par le lancement d’études complémentaires pour les deux scénarios afin d’en affiner la comparaison ». (Lire pistelonguemayotte-decision-mo)
Au croisement de deux pistes
Les deux hypothèses retenues portaient sur 100 millions d’euros pour le seul allongement sud de la piste actuelle (Scénario 1), et sur 210 à 230 millions d’euros pour la création d’une piste convergente de 2.600 m à l’intérieur du lagon (Scénario 2). Le consensus devait se faire sur une moindre emprise sur le lagon.
Depuis plusieurs semaines, on sait que l’Etat aurait fait sienne cette idée de rallongement revêtant on le répète en le savourant, un « caractère d’intérêt national ». Une mission est venue à cet effet à Mayotte deux fois l’année dernière, conformément à ce qui était inscrit au Plan d’urgence pour Mayotte. Selon des indiscrétions recueillies par nos confrères du Quotidien de La Réunion, l’Etat aurait d’ailleurs commandé un rapport dans ce sens au Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD), un rapport « prêt », dont les conclusions « pourraient alimenter les annonces d’Emmanuel Macron en septembre. »
Mais si les deux scénarios (voir ci-joint) portaient sur une extension vers le sud, ce serait une 3ème hypothèse qui se dégagerait des cerveaux du CGEDD. Celle de la construction d’une piste qui croiserait l’actuelle, « cette infrastructure impliquerait de remblayer la plage côté est et de rogner sur le lagon », croient savoir nos confrères. Le coût se monterait à 150 millions d’euros, à mi chemin entre les deux scénarios précédemment évoqués donc.
L’existence du rapport confirmé
Le précédent directeur de l’aéroport de Mayotte, Yves Christophe, que nous avions interviewé, avait suggéré de porter la longueur de la piste à 2.500 ou 3.000 m pour garantir une desserte aérienne multiple au regard de l’accroissement de la population.
En conclusion de ce grand débat qui n’eut pas de suite, la commission de débat public confiait « à la direction générale de l’aviation civile la poursuite de ces études et le soin de réunir l’ensemble des cofinancements nécessaires. » Nous avons donc contacté la DGAC pour en savoir plus. « Le rapport est toujours dans le circuit ministériel, nous explique l’antenne Mahoraise, qui confirme donc son existence, mais ne veut pas se prononcer avant que le préfet de Mayotte ou le président Macron ne le fasse.
En tout cas, une certitude, si on ne connaît pas avec précision les contours de la future piste, on sait maintenant avec certitude qu’elle est dans le tuyaux, « mais on ne sait pas encore quelle hypothèse est retenue, ni à quelle échéance », conclut la DGAC.
Par ailleurs, on apprend toujours chez nos confrères du Quotidien, qu’un accord aurait été signé avec l’aviation civile kényane pour des dessertes pouvant toucher Mayotte vers la métropole jusqu’à 7 fois par semaine, au lieu de 2 actuellement. C’est à dire, un nombre de rotations équivalentes à celle d’Air Austral en haute saison.
Anne Perzo-Lafond