« Nous avons répondu aux besoins d’insertion formulés par le RSMA », explique Ben Amar Zeghadi, président de la CRESS, la Chambre Régionale de l’Economie sociale et solidaire. Concilier économie et égalité sociale, c’est l’objectif de l’ESS, autrement dit, ne laisser personne en marge du chemin de la croissance. Donc, entre les jeunes du RSMA, en recherche d’insertion, et la CRESS, ça ne pouvait que coller.
« Le marché du travail est saturé ici à Mayotte, donc pour trouver des débouchés à ces jeunes, il fallait leur proposer de se lancer dans l’entreprenariat social, c’est une de nos spécialités », explique Ben Amar Zeghadi. Qui compte profiter de la relance de la commande publique par le Contrat de convergence, qui pourrait avoisiner le 1,6 milliard d’euros, et par le Schéma Régional en matière de Développement Economique et d’Internationalisation (SRDEII). Il va permettre l’insertion par l’emploi au sein d’entreprises, « à échelles humaines ».
Pour cela, le dispositif ESSor a été créé, dans le cadre du programme opérationnel national « Emploi et inclusion » 2014-2020. Il s’agit de soutenir et d’appuyer les porteurs de projet dans le domaine de l’économie sociale et solidaire à Mayotte.
Pour expliquer le dispositif aux militaires du RSMA, la CRESS a pris son bâton de pèlerin, sous les traits de Lucie Héliès, Coordonnatrice projet à la Chambre régionale : « J’ai rencontré en novembre 2018, les cadres du RSMA, en particulier le lieutenant-colonel Frédéric Jardin, puis 125 volontaires techniciens, qui sont assistants d’encadrants techniques ». Ce sont eux qui sont prioritairement visés par le dispositif, ainsi que quelques volontaires stagiaires.
Rencontre de deux structures réactives
C’est la réactivité entre les deux institutions qui fait la différence, répète à plusieurs reprises Ben Amar Zeghadi, qui répond présent sur un mode quasi-militaire, « nous sommes à l’heure aux rendez-vous, avec les power point explicatifs, etc. Et le RSMA de leur côté, est très actif lorsque nous leur demandons de nous envoyer des profils correspondants aux secteurs en demande. » Une rencontre choc entre deux hommes, Frédéric Jardin et Ben Amar Zeghadi, qui veulent avancer, vite, à la mesures des enjeux du territoire.
Sur les 5 axes du dispositif ESSor, deux ont été retenus, qui ont donné lieu à la signature de deux conventions ce jeudi à 16h à Combani : l’inclusion de la clause sociale aux marchés publics, soutenu par la Dieccte, et l’appui à l’éclosion de projets de l’ESS.
Lucie Héliès cite plusieurs exemple : « Pour la première convention, le RSMA étant prescripteur, ils nous envoient des profils de jeunes que nous proposons aux marchés publics. Pôle emploi et la Mission locale le font déjà. Mais avec le RSMA, tout est allé très vite, et nous avons déjà mis sur pied une opération : un assistant géomètre topographe et un assistant contrôleurs de travaux, sont actuellement en insertion. » Un référent de la Cellule insertion est leur interlocuteur privilégié chez les militaires.
Terminus au 30 juin pour le financement FSE
Et sur la convention de création d’entreprise, 6 jeunes sur les 20 pressentis, suivent une formation par intermittence dans l’antenne de la CRESS à Malamani, « nous leur apprenons à écrire leur projet, à élaborer un budget et un plan de financement. L’un d’entre eux veut reprendre une menuiserie, une autre veut devenir assistante maternelle, et encore un autre, créer un centre de loisir. »
Un accompagnement financé à hauteur de 85% par le fonds social européen (FSE) jusqu’au 30 juin, soit dans deux jours. Un comble quand les projets sont là, les fonds sont échus… La CRESS doit cofinancer à hauteur de 15% sur ses fonds propres, « ce qui représente toujours un risque pour nous ». Pour poursuivre avec ESSor après fin juin, Ben Amar Zeghadi a obtenu prés de 250.000 euros du conseil départemental, pour trouver ensuite du cofinancement. « Nous allons chercher du côté du Pacte Ultramarin d’Investissement dans les Compétences ou du FDS si la recherche de fonds européens s’avère administrativement trop lourde », explique-t-il.
Un paradoxe qui rejoint les témoignages produits devant la Commission européennes à la BGE, où un Tanchiki Maoré, PDG de MAP, expliquait ne pas devoir sa réussite à l’Europe, « des dossiers trop longs à monter », avait-il lâché. Les porteurs de projets nous avaient glissé quelques vérités, notamment la mise en paiement à Mayotte un an après avoir déposé le dossier, quand les directives européennes imposent 90 jours ! Un fait confirmé lors du grand raout sur les fonds structurels européens la semaine dernière.
Deux conventions pour un partenariat, qui ont été signées ce jeudi soir à Combani.
Anne Perzo-Lafond
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