Le rapport de l’infirmière scolaire constate que la main gauche de l’adolescente est enflée suite à des coups donnés avec un manche à balai, des contusions à l’épaule gauche, l’avant bras droit, le dos, une éraflure au mollet gauche, un hématome long sur la cuisse intérieure droite causée par des fils électriques… La liste des “très nombreuses lésions” évoquée à l’audience est longue et affligeante. Ces blessures, cette adolescente décrite par ses enseignants comme une bonne élève du collège de Dembéni les a reçues de son père. L’homme, décrit lui comme impulsif et autoritaire, voulait punir sa fille pour avoir… simplement participé à une compétition de kayak organisée par le collège.
“Il m’a dit de retirer le bas de mon salouva et de me mettre à genou, il a pris un chargeur de téléphone portable et un tuyau et m’a porté 2 coups, puis 3 fois sur les mains puis avec le balai puis plusieurs fois encore sur les mains” décrit la jeune fille dans un témoignage terrifiant.
“Ce n’est pas la première fois qu’elle commet une bêtise comme ça” tente se de défendre le père, refusant d’admettre à l’audience que l’ado n’avait rien fait de répréhensible.
La fin d’une excuse facile
Si ce procès est intéressant, ce n’est seulement pas en raison du caractère choquant des détails évoqués, ni même du caractère futile des motifs invoqués par le père violent. C’est aussi parce que cette audience est la première à survenir à Mayotte après l’interdiction des violences éducatives en France, et donc, de la fessée. Une interdiction effective depuis ce jeudi 11 juillet.
Certes, ces violences sont tout sauf une fessée. Mais à compter de maintenant, les parents violents ne pourront plus se cacher derrière le “droit de correction” inscrit au code civil pour justifier des coups, quelle qu’en soit la violence. En effet, si les détracteurs de cet amendement à la législation arguent du risque de voir des parents poursuivis pour “une petite fessée”, l’extrême inverse est une réalité fréquente du tribunal : des parents qui usent d’une violence ahurissante et plaident la fessée qui a dérapé.
L’homme poursuivi la semaine dernière à Mamoudzou n’était lui pas jugé pour une “fessée” mais bien pour des violences aggravées, avec arme, sur mineur et par personne ayant autorité. Il a écopé de six mois de prison avec sursis et échappe à la déchéance de l’autorité parentale réclamée par le parquet qui estimait qu’il avait “frappé cette enfant dans des proportions délirantes et humiliantes”.
“Leur relation doit continuer mais sur d’autres bases” avait plaidé Me Yanis Souhaïli, avocat de la mineure.
Pour le tribunal, “peu importe les raisons, y’a des réponses qui sont interdites et totalement excessives”. C’est désormais le cas de toute forme de violence infligée à un enfant.
Y.D.