« Regarde il y en a un là-bas. Essaye de le choper ! » Une heure à peine après leur descente de l’avion, Maya et Roxane sont déjà sur le terrain. Elles posent des pièges pour attraper les chats errants à côté de la barge sur Petite Terre. Pendant 15 jours, avec deux autres camarades, elles vont opérer des chats sous la supervision du vétérinaire de Combani. Les quatre étudiantes viennent de l’école vétérinaire de Toulouse. Elles participent à une campagne de stérilisation de chats errants à Mayotte, organisée par l’association Gueules d’amour.
Elles font toutes partie de l’organisation non gouvernementale Baylen. Basée à Toulouse, l’ONG envoie des étudiants de l’école vétérinaire opérer au Paraguay et à Madagascar. Empêchées de venir par les mouvements sociaux de 2018, cela fait deux ans que les étudiantes de Baylen préparent le projet. « Nous avons organisé des évènements pendant l’année universitaire et nous avons cherché des financements un peu partout », raconte Oumayma El Attar Sofi qui a piloté le projet. Même la petite ville d’Audenge, dont est originaire une des étudiantes, leur a donné des fonds.
Un problème sanitaire, social et environnemental
« Notre association œuvre à sauver les animaux, c’est aussi simple que ça », glisse dans un sourire Tyler Biasini Rossi, président de Gueules d’amour. Lui est plutôt un habitué des chiens. Il en accueille une trentaine actuellement dans le refuge de l’association, le seul de l’île. Cela fait longtemps qu’il veut organiser une campagne de stérilisation des chats errants de Mayotte.
« Les chats posent un problème sanitaire et environnemental. Sans parler de la question du bien-être animal. Ils participent à tuer la faune sur l’île en chassant les petits oiseaux directement dans les nids et parfois les bébés tortues sur la plage. » Alors quand Tyler prend contact avec Baylen, le projet séduit tout de suite les deux parties. « Pour nous, c’est une occasion extraordinaire d’être utile tout en se formant. » Normalement, un étudiant en vétérinaire procède à une opération de stérilisation de chat une à deux fois pendant son master. Grâce à cette action, elles vont pouvoir opérer une à deux fois par jour.
La souffrance animale, un sujet toujours méconnu à Mayotte.
Tyler est remonté. Chaque jour il constate que la question de la souffrance animale est ignorée par une partie de la population du département. « Je fais des interventions dans les écoles mais ce n’est pas suffisant. Certains voient l’animal comme un objet, une propriété, sur lequel ils ont le droit de vie et de mort. »
Son association fait office de fourrière dans cinq communes du département. « Parfois on m’appelle pour aller chercher des chiens qui sont dans des états atroces. La gueule défoncée, les oreilles coupées, j’ai un disque dur entier de photos horribles. » Il constate le grand nombre d’élevages clandestins qui existent sur l’île. « Les propriétaires s’en servent pour commettre des délits et organiser des combats. C’est dangereux pour les chiens et pour les hommes. Mais quand je porte plainte cela n’aboutit jamais, y compris quand j’apporte le nom et l’adresse de celui qui maltraite l’animal », se désole Tyler.
YM