C’est aussi parce que ça sent le matériel neuf dans les rangs que la rentrée scolaire est synonyme de nouveau départ. Les autorités, préfet et vice-recteur, présentes au collège Frédéric d’Achery de Koungou, voyaient même plus loin, « le plus beau jour de la vie que celui qui vous fait reprendre le chemin de l’école », dira le représentant de l’Etat Jean-François Colombet, alors que pour l’Education nationale, Gilles Halbout, encourageait « tout le monde à réussir », en particulier les filles, « à l’école, vous marchez mieux que les garçons, pourtant on ne vous voit pas dans les postes importants ensuite. Projetez-vous ! »
Une semaine avant la métropole en compensation de vacances de Noël plus riches ici, ce sont prés de 100.000 élèves qui font leur rentrée cette année à Mayotte, « nous n’avons pas encore de chiffres définitifs, il y a toujours un écart entre les prévisions, et le comptage effectif après la rentrée dans chaque établissement », nous explique Didier Cauret, Directeur de cabinet du vice-recteur. En témoigne la quinzaine d’élèves qui attendent dans le couloir du collège de Koungou ce vendredi matin, « mon fils n’est pas sur les listes ! », nous interpelle une maman. La secrétaire les reçoit un par un, « la plupart ont déposé leur dossier trop tardivement, nous avons besoin d’examiner chacun des dossier », nous explique-t-elle.
Si aucun incident n’était à signaler à 8 heures du matin à l’échelle du territoire, à chaque rentrée ses dysfonctionnements, comme nous l’explique le vice-recteur : « Nous avons des retards de travaux dans plusieurs communes, touchant quatre écoles qui voient leur rentrée retardée, ou pour lesquelles nous avons mis pour quelques jours des classes en rotation ». Au niveau du secondaire, le collège de Dembéni est toujours impacté par les fissures liées aux séismes : « Nous y installons 23 modulaires en attendant la réfection des locaux. »
« Vos enfants sont en sécurité »
Ce vendredi de rentrée était réservé aux seuls 465 élèves de 6ème à Koungou, accompagnés de quelques parents, et à qui s’adressait la principale Sophie Bourdin, désormais rodée aux réponses à apporter aux difficultés locales : « Vos enfants sont en parfaite sécurité ici dans ce collège, avec un dispositif de parents d’élèves porteurs de gilets jaunes qui vous accompagnent sur le trajet de l’école ». Un discours sécuritaire auquel abondait le préfet, « Ici, c’est le temple de la sécurité ! Et des gendarmes sont présents pour sécuriser les abords de l’établissement. »
Le collège de Koungou avait perdu son statut de plus gros collège de France au profit de celui de Doujani, « c’est maintenant celui de Majicavo qui détient ce record avec 1.993 élèves », nous informe Didier Cauret. Du côté des lycées, c’est Bamana qui dépasse les 2.000 élèves, suivi par Mamoudzou nord. Un gigantisme qui appelle la réalisation urgente de nouvelles constructions scolaires annoncées par le Plan d’urgence pour Mayotte.
L’indispensable présence des parents
« Je sais que vous êtes heureux de revenir en classe, parce que vous vous embêtiez en vacances », sourit Sophie Bourdin. Qui trouve un écho, « c’est vrai, je suis content de recommencer à travailler », nous explique un petit 6ème, quand les autres se disent impressionnés, « le collège est si grand ! » « Moi j’avais pas peur, parce que j’ai un grand frère qui entre au lycée, il m’avait parlé du collège », glisse un autre.
Parmi les quelques parents, la maman d’Amina, « je voulais voir comment était la classe de ma fille », et un grand frère, sérieux, « il fallait que je vienne pour accompagner ma petite sœur, ça me permet de la rassurer et de la positionner dans son nouveau cadre de travail ».
Préfet et vice-recteur se dirigeaient ensuite vers l’école de Koungou mairie, puis au lycée de Mamoudzou nord.
Après les 6ème, les autres niveaux effectueront leur rentrée de manière échelonnée, et dans quelques jours, les 53.000 élèves du 1er degré, et les 45.000 du second, devraient tous être assis sur les bancs de l’école.
Anne Perzo-Lafond