Le drame qui s’est déroulé devant le lycée de Sada il y a 10 jours, est encore trop frais, et trop grave pour qu’on ne s’interroge pas plus avant sur la situation de la parentalité. Pas forcément pour l’indexer, mais à coup sûr pour essayer de démêler les ressorts qui font qu’on en est arrivé là.
Et rien de mieux qu’Ali Nizary, pour parler des familles. Le président de l’Union Départementale des Associations Familiale (UDAF) avait d’ailleurs rencontré la CPE du lycée de Sada pour suivre « l’évolution du dossier ». Si la victime est un jeune majeur de 19 ans, on sait qu’il était connu des services de police, ce qui met en question son encadrement familial et son suivi, sans parler bien entendu de ses agresseurs présumés, dont l’un est un mineur de 13 ans.
Dès que l’enfant est en âge de quitter le domicile familial pour se rendre à l’école, il est inconcevable que les parents ne puissent pas le « géolocaliser », pour reprendre un thème à la mode, une fois qu’il en est sorti. « Souvent, on indexe l’école ou l’Etat, mais les parents ont un rôle important à jouer, avant et après l’école. Quand j’étais petit, après l’école, nous allions à l’école coranique, ou alors, nous avions des travaux ménagers à faire. Nos parents savaient toujours où nous étions », rapporte Ali Nizary. L’école coranique assurait aussi le rôle éducatif qui n’est pas la mission de l’école de la République.
Se passer du fouet et de la fessée
Mais alors, pourquoi les parents n’ont-ils pas la même préoccupation de nos jours ? On le sait, la société a évolué, « maintenant, nous employons des femmes de ménage, et souvent les deux parents travaillent », mais cela n’explique pas tout. La crainte d’être les parents d’« enfants du juge », sous entendu qui peuvent recourir à la justice en cas de punition corporelle, semble toujours présente, sans qu’aucune action n’ait été menée. « Les parents ont été accusés d’être démissionnaires, mais ils ont surtout besoin d’être accompagnés dans cette phase de transition entre le fouet, et une éducation en conformité avec la loi. » Rappelons qu’en métropole, la page de la fessée a été tournée, avec la loi relative à « l’interdiction des violences éducatives ordinaires » du 2 juillet dernier, sans sanctions prévues.
« Il faut revisiter tout ça et organiser des groupes de réflexion avec les parents, car ils sont perdus ». Comme nous le lui suggérons, des Assises de la parentalité ne seraient pas de trop pour Ali Nizary, qui rappelle aux parents que « l’école est le lieu de l’apprentissage, mais pas de l’éducation, rôle qui leur revient. » On se souvient que le capitaine Chamassi alors qu’il œuvrait au sein du commissariat, avait proposé de taper les parents récalcitrants non au portefeuille directement, mais en confisquant des biens propres, comme la télé grand écran, le temps qu’ils restaurent l’autorité sur leurs enfants. En métropole, le plan violences scolaires préconise un accompagnement des parents sous la menace de sanctions plus sévères.
En attendant que des réflexions poussées soient menées à destination des parents, l’UDAF réfléchit à l’organisation d’un Séminaire des devoirs de l’enfant : « Les enfants ont des droits, mais aussi des devoirs, ceux de respecter l’école, les autres élèves et la nourriture qu’on leur donne. Quand on travaillera réellement sur les devoirs de l’enfant, on aura moins de problèmes. » Sous réserve que les parents soient étroitement associés.
Anne Perzo-Lafond
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