Nous avons l’impression d’être la bouée de secours. « Depuis 3 ans, le grillage de protection de la résidence est troué, nous avons demandé à plusieurs reprises son remplacement, en vain. Pour un évier bouché, le plombier de la SIM est passé deux fois, sans succès, ‘il y a un problème de canalisation’, nous explique-t-il. Nous en avons fait venir un autre de Grande Terre, à nos frais, pour 150 euros de déplacement », cette maman de 4 enfants vide son sac. Les déboires s’accumulent, pourrissant la vie quotidienne de la famille, « sans compter les rats ! Nous avons nous-mêmes posé les baguettes que nous demandions sous les portes.” L’entretien du réseau d’eau semble avoir été délégué par le Syndicat des eaux (Sieam) à la SIM, sans résultat probant.
Du côté de l’électricité, c’est guère mieux : « Tous les tableaux électriques déclenchant l’allumage collectif sont ouverts. Pour éviter d’être dans l’obscurité, les adultes y mettent les mains malgré tout, mais les enfants les imitent, c’est très dangereux ! »
Les peintures non refaites dans les appartements, l’absence de poubelles collectives “alors que le maire de Dzaoudzi a fait en sorte de tout réorganiser et d’éliminer les gros tas d’ordures”, les Nacos défectueux… « Tous les locataires sont mécontents, nous sommes obligés d’effectuer les travaux nous-mêmes, sans possibilité d’en déduire les montants des loyers. Nous avons voulu compenser ces frais engagés en leur expliquant ne pas payer les loyers sur deux mois, mais ils nous ont envoyés une lettre d’huissier. » Autre doléance, les loyers ont augmenté de 15 euros, « sans information préalable ».
Une sirène peu sexy
La rareté des logements décourage plusieurs locataires de se plaindre, « ils n’osent pas, la SIM nous dit que 150 dossiers sont en attente, ils peuvent donc être remplacés par d’autres, qui se tairont à leur tour. Si je n’avais pas d’enfants qui se sont bien adaptés ici, je partirai. »
Outre le problème d’entretien, la difficulté d’obtenir un interlocuteur est dénoncé également par une famille, locataire de l’immeuble Koungou Manga : « Les deux immenses fosses septiques de l’immeuble SIM voisin débordent abondement sous les varangues des deux immeubles, attirant moustiques et gamins qui ne cherchent qu’à y patauger. L’insalubrité gagne, en sus des odeurs rendant parfois la varangue inutilisable. » Lui et sa femme ont alerté à plusieurs reprises les services de la société fin août, puis en septembre, « sans résultat apparent ».
Toujours à Koungou Manga, les habitants ont droit à une sirène, mais peu sexy, puisqu’elle est liée au fonctionnement d’une pompe située dans un local technique, « et se fait entendre pendant une demi-heure », toutes les heures environ ! A la suite de leur appel, 3 techniciens se sont déplacés, mais là encore, sans avancée.
Autre mail, mais pour lequel nous n’avons pas de contacts pour pousser les recherche, celui d’une locataire de l’immeuble Makala à Koungou, tout neuf : « On est locataire dans des appartements de la SIM dans lesquels y’a certaines choses qui se passent qu’il faut dénoncer ». Sans plus d’info donc.
Des dysfonctionnements reconnus du côté de la SIM
Le manque de communication de la SIM a incité les locataires de Totorosa II à entreprendre une action commune : « Nous allons bloquer l’ensemble des loyers en les déposant à la Caisse des Dépôts. » Les difficultés de communication avec la SIM ont incité les locataires à nous contacter, « et parce qu’un des artisans nous a dit, ‘ils n’ont peur que d’une chose, des médias !’ »
Nous avons joint Ahmed Ali Mondroha, Directeur général de la SIM, qui a immédiatement reconnu des dysfonctionnements dans son service : « Nous étions dans une période de flottement, car le directeur du patrimoine est parti depuis le mois de mars, et n’avait pas été remplacé. C’est désormais fait, depuis un mois », il nous invite d’ailleurs à le rencontrer ultérieurement pour faire un point.
Sur le front des incidents, à Koungou, il y a en effet un problème avec la Station d’épuration, « les gens ont jeté n’importe quoi, notamment des couches, ce qui a bouché l’installation. Et de notre côté, il y a un réel problème de réactivité », avoue-t-il, en expliquant sous-traiter à des petits artisans locaux, qui ne font pas tous l’affaire.
Il évoque également des interventions qui se compliquent sur place, « parfois, les gens demandent un certain type de grillage, qui ressemble plus à un élément de confort, quand nous en avons budgétisé un autre. » Par contre, il ne comprend pas que le problème de plomberie n’ait pas été traité, « c’est une priorité. Surtout que cela peut-être plus structurel, parce que lié aux tremblements de terre. » Quant aux frais engagés, il est clair : « S’il faut rembourser des réparations qui nous étaient imparties, on le fait. »
L’arrivée d’un nouveau directeur devrait permettre d’améliorer les choses, mais un effort doit également être fait sur la communication avec les locataires.
Anne Perzo-Lafond