Le top départ a mis du temps avant d’être donné. Sous un soleil de plomb, candidats et officiels, patientaient, ces derniers en costume cravate, une torture en ces festives Journées européennes du patrimoine à Bouéni. Quelques stands, dont la magnifique maquette de Mayotte du Schéma d’Aménagement de Mayotte, des artisans locaux, et un concours intercommunal autour du coco. « Je n’avais encore jamais vu toutes les étapes de confection du lait coco », dira quelques instants plus tard Gilles Halbout, le vice-recteur qu’on retrouvera ensuite sur une petite voiture en bois, un des ancêtres du jouet grandeur nature, « mais moi aussi, c’est ce que j’avais en métropole ! », glissait-il.
Comme symbole du patrimoine et du geste ancestrale, il n’y avait en réalité pas mieux que ce concours, qui voyait passer à toute allure les noix de coco d’un piquet en bois déchiqueteur, au coupe-coupe, pour regagner les mains du ou de la râpeuse, depuis son siège dédié, pour finir sur l’écumoire. « Le must c’est d’utiliser la fibre de coco pour passer la coco râpée, et en obtenir le jus », suggérait une des candidates. Elle assure la dernière main de son équipe, le maire Abdourahamane Mouslim ayant initié avec détermination le circuit en tapant frénétiquement la coco sur l’extrémité du piquet en bois, fiché en terre.
Cela ne lui aura pas permis de gagner, et malgré les encouragements d’Eva Labourdère, Miss Mayotte 2019, puisque l’équipe du maire terminait à la dernière place, c’est la n°5, qui aura été la plus rapide. Des résultats donné par Gilles Halbout Le tout dans une ambiance bonne enfant comme on sait le faire à Mayotte.
La joaillerie à Mayotte, une timide filière plus qu’un filon
Pas d’atelier pirogue, l’artisan n’ayant pas eu le temps d’en confectionner, qui s’est tourné vers un modèle qui va bientôt faire figure de patrimoine au train où vont les choses, « ça, c’est l’A380 d’Air Austral », plaisantait-il ! Des Rafales, des Transall en bois, sont exposés.
Ensuite, direction vers un artisan bijoutier, toujours à Moinatrindri. On ne s’attend pas à Mayotte, à une boutique avec vitrine, mais là, les conditions de travail, entre gravats, et mini atelier, laissent sur la réserve. Pourtant Madi Saindou s’est formé 8 ans à Madagascar, se rend régulièrement à La Réunion d’où il apporte ses pierres précieuses. Il travaille son or à partir de matière qu’on lui confie, bijoux à refondre ou autre, avec son laminoir, ses dés à bomber pour former des perles d’or, avant de passer le tout à l’acide et à la ponceuse. Il accueille même des stagiaires des filières joaillerie des lycées de Chirongui et Dzoumogné, « mais ils sont peu motivés monsieur le recteur ! »
Beaucoup d’autres sites à découvrir, laissez vous porter par le Programme JEP Mayotte 2019 BD
C’est ce que nous avons fait en nous arrêtant à Coconi, sur l’exploitation Valano du lycée agricole, pour découvrir les derniers croisés entre Montbéliardes et zébus, et en déguster leur lait caillé. Et se laisser séduire par le stand d’apiculture de l’association Ngizi N’yochi d’Éric Bellais. « Nous avons délaissé la ruche kenyane, pour adopter la Warré, du nom de l’abbé qui l’inventait au début du XXème siècle à partir de caisse de munitions », explique-t-il. Son objectif était d’obtenir une ruche la plus proche des conditions naturelles de l’abeille, tout en étant pratique pour l’apiculteur.
Entendre parler de l’organisation aboutie d’une ruche, reste toujours un grand moment d’humilité, avec des rôle dédiés aux ouvrières selon les stades de leur vie : nourrice, gardienne du temple, régleuse de température de la ruche ou bâtisseuse de rayons…
Rebelote donc ce dimanche, et n’hésitez pas à éplucher le programme !
Anne Perzo-Lafond
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