Le 3ème Salon de l’entreprenariat au féminin choisit cette année de regarder hors les murs en proposant le thème des échanges commerciaux dans l’océan Indien.
Le constat est toujours le même : nous faisons venir de très loin ce qui existe à notre porte. Ousseni Bourahima Ali, Trésorier adjoint de la BGE, donnait un exemple : « On fait venir de la volaille du Brésil au lieu de l’acheter dans les îles voisines, et à La Réunion des abattoirs ont fermés faute de production, alors que nous n’en avons pas. Du manioc et du songe consommés à Mayotte viennent du Vietnam alors qu’à Madagascar, ils pourrissent. »
Au fur et à mesure des échanges à la BGE ce mercredi, préambules de la grande journée de jeudi au conseil départemental, plusieurs niveaux de problèmes apparaissent. Le différentiel de normes entre les territoires de l’océan Indien évidemment, La Réunion et Mayotte devant obéir aux règles communautaires européennes, pas les autres. Ce qui pose un problème de traçabilité notamment avec Madagascar.
Mais aussi un problème politique. « Cela fait des années que j’ai créé mon entreprise à Mayotte, mais c’est toujours impossible de finaliser des liens commerciaux avec des partenaires pourtant partants dans les autres îles. On nous oppose toujours des problèmes géopolitiques », explique une des lauréates du concours Talent de la BGE.
En creusant, on nous explique qu’au sein des instances régionales, les cheffes d’entreprises dont le projet a été financé par la Commission de l’Océan Indien (COI), respectent les consignes maison, qui comprennent notamment l’absence de liens avec Mayotte, notre 101ème département étant toujours exclu de la COI. La solution pourrait venir de l’évolution des financements des projets régionaux, avec une participation plus active de l’Agence Française de Développement (AFD), déplaçant ainsi le curseur politique vers l’économique et la relance des échanges.
« La politique des petits pas »
Yves Rajat, le directeur de l’antenne mahoraise de l’AFD, est d’ailleurs présent, et confirme peu ou prou la stratégie : « Nous pratiquons la politique des petits pas. Depuis un an et demi, nous avons monté une direction régionale de l’océan Indien, avec tous les territoires qui la composent. Nous pouvons accompagner une démarche commerciale, notamment à destination des Comores, c’est un angle d’attaque différent. »
Autre voie de passage en douceur, le réseautage. Une délégation de La Réunion, notamment emmenée par Marianne Orsini-Bosson, présidente de Entreprendre au Féminin, Technologie, Information, Communication Océan Indien (EFTICOI), participe activement à ce 3ème Salon d’Entreprendre au féminin. « Depuis 12 ans, nous n’arrivons pas à monter des projets ensemble en effet. En rapprochant les femmes entrepreneuses Mahoraises des Réunionnaises, nous pourrions afficher ensemble l’image de la France de l’océan Indien. »
L’association « Défi de femmes », également basée à La Réunion, a expérimenté avec bonheur l’idée de réseau : « Nous sommes 75 membres adhérentes, et nous disposons de beaucoup de solutions pour tisser des liens, nous conseiller mutuellement, ou cofinancer une formation bénéfique à toutes. Je considère que le but de ces 5 jours passés à Mayotte est de tisser du réseau », expliquait Laetitia Bazard, représentante et porte-parole de l’association à la gouvernance partagée.
Zoulaya Bounou, ADIM et représentante à Mayotte de Business France, propose des solutions d’études de marché ou de rendez-vous d’affaire à l’international, et invite à consulter le site de Team France Export, « il est plein de bons conseils. »
Rendez-vous ce jeudi à 13h à l’hémicycle Bamana du conseil départemental pour le 3ème Salon d’Entreprendre au féminin.
Anne Perzo-Lafond
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