Mayotte est le seul département de France à avoir mis en place un système de bourses complémentaire à celui qui accompagne les étudiants sur le plan national, « ce n’est pas une obligation, mais une volonté politique », avertit Ali Debré Combo, président de la Commission d’Octroi de Bourses et Aides (COBA). Dix académies sont couvertes en métropole.
Le dispositif était testé à la rentrée 2018-2019. Il scinde les filières en deux groupes, le premier qui est priorisé, et qui correspond aux besoins du territoire, aux secteurs en tensions, ou encore à l’accès aux diplômes supérieurs, c’est à dire à peu prés tout ! On trouve dans le groupe 2 des remises à niveau ou des BTS déjà implantés à Mayotte. Le dispositif est régulièrement réactualisé en fonction des secteurs en tension.
Contrairement à la mesure nationale, le complément de bourse du Département est sans condition de revenu dans le groupe 1, et de 95.000 euros par an dans le 2ème, comme nous l’explique Houlam Haladi, Chef de service enseignement et recherche au conseil départemental : « Nous favorisons les étudiants en fonction de nos besoins, mais aussi de leur capacité à mener leurs études, et du niveau qu’ils atteignent. Nous avons besoin d’ingénierie à Mayotte. En Master 1 par exemple, tout le monde est aidé. »
Les bourses vont de 161 euros par mois à 1.265 euros pour un doctorant. Se rajoutent une participation aux frais de scolarité, dans la limite de 27.000 euros par an pour le 1er groupe, à 16.000 euros pour le second, ainsi qu’un accompagnement aux cours de soutien, « c’est parfois nécessaire de les accompagner et de leur donner des méthodes de travail pour réussir », dans la limite de 6.000 euros.
Le manque d’ingénierie ? « C’est discutable ! »
L’année dernière, ils sont 2.600 à avoir été aidés pour leurs études, pour une enveloppe globale de 8 millions d’euros.
Auparavant, ils étaient plus nombreux, les lycéens étaient notamment dans la boucle, ce qui n’est plus le cas, « quand ils doivent partir parce que les filières n’existent pas sur le territoire, c’est le vice-rectorat qui doit les prendre en charge. » Ce qui est désormais le cas.
Une aide financière qui ne doit pas exonérer les parents d’accompagner étroitement leur géniale progéniture. Ali Debré Combo les invite à s’impliquer d’avantage, « notamment dans le choix des filières, et lors de leur 1ère année d’adaptation aux conditions de vie nouvelles, dont le climat et la solitude. Il ne faut pas se réveiller uniquement quand il y a un problème de versement de bourse ! »
Un « long chemin » a été parcouru, constate l’élu, fier que la réunion de ce samedi se tienne largement en amont de la date des choix des étudiants sur Parcoursup. Une anticipation à encourager.
C’est à ce prix que le Département relèvera le « manque d’ingénierie », un terme qu’il trouve “discutable”, “car nos enfants qui partent étudier en métropole réussissent, et nous allons bientôt le prouver par des statistiques ! »
Anne Perzo-Lafond