Le coup de pouce est considérable pour le Département de Mayotte. L’Etat depuis 2019 prend en charge le paiement du revenu de solidarité active (RSA), dont le budget atteignait 30 millions d’euros l’année dernière. Les autres départements d’outre mer doivent suivre l’exemple mahorais en janvier prochain.
S’il y avait urgence à devancer ces derniers, c’est qu’à Mayotte, le RSA est appelé à coûter de plus en plus cher. Alors que 84% de la population vit sous le seul de pauvreté, le Conseil départemental dénombrait en décembre dernier à peine 5000 foyers, pour un total de 15 000 bénéficiaires du RSA. Depuis que l’Etat a pris en charge cette aide, un bon millier de foyers supplémentaires a été intégré au dispositif. Les différents services s’accordent toutefois à dire qu’il resterait pas moins de 15 000 bénéficiaires potentiels supplémentaires. Tout l’enjeu est désormais de retrouver ces habitants qui échappent à une aide à laquelle ils ont droit, pour que l’es RMI, revenu minimal d’insertion, retrouve justement cette valeur d’insertion. “L’objectif est d’insérer un maximum de nos compatriotes mahorais” indique le préfet Jean-François Colombet.
Pour le vice-président du CD Issa Issa Abdou, “il y a un boulot à faire” pour y parvenir, et ce, sur deux fronts. D’abord, “sur la connaissance du dispositif”. A cette fin, une campagne d’information va être menée d’ici quelques jours par la DJSCS, la direction de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale, qui est en charge du RSA à Mayotte. Ensuite, un travail est prévu “sur son taux ridicule qui n’incite pas. Il faut mener la bataille de la convergence des droits” poursuit Issa Issa Abdou. En d’autres termes, le RSA à 279,87€ pour une personne seule n’est pas attractif, et les nombreuses démarches et autres déplacements qu’une demande implique, dissuadent de monter un dossier. Sans compter, soyons honnêtes, qu’avec un tel montant, on n’aide pas grand monde à s’insérer. La volonté du Département est donc, avec l’Etat, d’aligner le droit mahorais sur celui de La Réunion en doublant le montant mensuel de cette aide. Pas une mince affaire. En doublant le montant, et le nombre d’allocataires, c’est un budget qui pourrait grimper à 160 millions d’euros d’ici une paire d’années. Une enveloppe qui serait bien plus large si une considération politique ne venait pas grignoter un peu de la substance du RSA. Particularité mahoraise qui “fait grogner le Conseil d’Etat” selon les mots d’Issa Issa Abdou, seuls les résidents du département ayant 15ans de présence régulière sur le territoire peuvent prétendre au RSA. “Ca exclut pas mal de gens, mais politiquement, on l’assume” tranche l’élu départemental, “nous faisons ça pour les Mahorais et pour personne d’autre”.
Ensuite, parce que l’insertion ne passe pas que par l’octroi de minima sociaux, un partenariat renforcé est prévu, toujours dans cette idée de “co-construction” voulue lors de l’établissement du plan de convergence. Ce dernier n’est pas étranger à l’affaire puisque la prefecture compte justement sur la commande publique pour créer des centaines d’emplois, qui pourraient ainsi revenir à des Mahorais en parcours d’insertion. Encore faut-il être dans un tel parcours. C’est pourquoi le RSA change dès à présent de gouvernance. D’abord géré par le Département puis par l’Etat, il est désormais chapeauté par la DJSCS mais avec un collège composé de représentants de l’Etat, du Conseil départemental, de Pôle Emploi, de la Mission locale, de la CSSM et d’un allocataire. C’est l’objet du plan territorial d’insertion signé entre ces partenaires ce lundi. “On sort de l’assistanat pour entrer dans l’accompagnement” résume Issa Issa Abdou.
Y.D.
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