Quelques photos et dehors. Les journalistes étaient priés d’attendre dans le couloir de la Société Immobilière de Mayotte où la “task-force” du gaz du Mozambique se réunissait pour la première fois. Frustrant quand on sait l’enjeu d’une telle réunion où l’Etat et le secteur privé doivent définir une stratégie d’importance pour les décennies à venir. Frustrant car au lieu de rendre compte d’échanges, de pistes et de débats, nous devons nous contenter d’un compte-rendu choisi, et soigneusement présenté par le préfet Jean-François Colombet.
Ce que l’on sait, c’est que cette “task-force” était une demande commune des acteurs intéressés par le projet gazier. Air-Austral notamment, s’estimait mardi “trop petit” pour discuter seul avec les multinationales. Mais vu l’intérêt pour l’Etat, cette réunion était aussi l’occasion pour les entrepreneurs de négocier avec le préfet les conditions d’une participation de Mayotte. En clair, vu les enjeux, pourquoi pas quelques concessions sur la réglementation douanière et fiscale afin de mieux tirer profit de cette manne gazière ?
C’était en filigrane une demande du secteur privé mardi matin : Ida Nel évoquant son souhait d’une “zone franche” sur le port de Longoni, et le représentant de l’association pétrolière Evolen, suggérant une “simplification douanière”. Ces questions ont bien été abordées ce jeudi, sans qu’il soit communiqué sur le détail. Mais si mardi la douane rétorquait que la réglementation européenne ne dépendait pas des fonctionnaires locaux ou même nationaux, le préfet a un ton plus modéré deux jours après. En substance, le sujet ne dépend pas de lui mais il faut en parler avec tous les services concernés pour définir la marge de manœuvre susceptible de satisfaire les attentes. “Il y a dans les groupes de travail ce qu’on a appelé une offre administrative, une équipe qui soutient le secteur marchand, avec une approche facilitatrice, notre engagement est d’activer les réseaux au service de l’offre mahoraise” explique-il.
“Consensus” public-privé
Ces détails administratifs mis à part, “nous sommes arrivés à un consensus” se réjouit le préfet qui indique que l’offre que présentera Mayotte au secteur pétrolier doit “être portée par le secteur marchand et les entreprises positionnées. Nous allons définir une offre mahoraise, puis nous proposerons aux Réunionnais une rencontre pour voir (…) s’ils veulent nous rejoindre”. Alors que “la presse parlait de gaz euphorisant, nous quittons l’euphorie” tient à préciser le préfet.
S’engagent dès à présent deux gros mois de travail d’équipe, divisé par secteur d’activité, pour définir cette offre complète qui sera déposée en février. Un cabinet d’études spécialisé dans le milieu des hydrocarbures sera recruté pour guider les pistes de réflexion. Pour chaque secteur, comme le portuaire, l’aérien, le numérique, la santé, le tourisme, le BTP, la maintenance etc., un référent mènera la réflexion. “Par exemple Mme Nel va animer toute l’offre maritime pour les professionnels du secteur” indique le préfet. Fin janvier, ces acteurs auront une vision à 5 ans du positionnement de Mayotte sur la manne gazière. “Nous avons des atouts sur la sécurité, sur la stabilité politique, la proximité culturelle avec le Mozambique, ces atouts nous allons les jouer à fond” assure le représentant de l’Etat.
Si l’on sait que les échanges ont conclu à la volonté commune de déposer une offre mahoraise, la stratégie régionale est moins claire. Alors qu’au forum économique, les experts recommandaient de jouer collectif, il apparaît que le duo Mayotte-Réunion n’est pas acquis. Quant à la relation de Mayotte avec son plus proche voisin, il faut “une ambiance propice au développement de l’Océan Indien” souligne le préfet pour qui “la France, dans sa relation avec les Comores, a pris un virage. Les choses sont en train d’évoluer favorablement”.
Sidi Mohamed, qui représentait le président du Conseil Départemental concluait : “Nous sommes en train de dessiner Mayotte pour les 50 ans à venir.”
Y.D.
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