L’ouverture d’un nouvel établissement, c’est un événement partout en France, mais qui prend d’autres proportions à Mayotte. D’abord au regard des besoins faramineux en scolarisation d’une population dont la moitié a moins de 17,5 ans, mais c’est aussi à chaque fois une victoire triomphante sur les aléas, foncier, approvisionnement en matériaux ou délais des entreprises du bâtiment… Quand ce n’est pas la saison des pluies, mais ce n’est pas le cas pour Bouéni, aucun nuage ne semble d’ailleurs plus s’accumuler au dessus du collège !
Double commande de poutres, de faux-plafonds, problèmes de canalisations à quelques jours de l’ouverture… l’établissement avait particulièrement souffert de retards, qui lui faisaient manquer deux rentrées scolaires. Plusieurs séances de rattrapage plus loin, le voilà qui joue les bons élèves, en se dressant au milieu de son espace végétalisé, prêt à accueillir une partie des élèves. Sur les 1.028 prévus, dont 128 en SEGPA, ils sont 450 à effectuer leur rentrée, étalée sur ce lundi matin pour les 4ème et 3ème, et mardi matin pour les 6ème et 5ème. Ils étaient jusque là momentanément accueillis avec leurs enseignants au collège de Kani Keli.
« Toutes les classes seront terminées pour la rentrée de janvier, et nous pourrons alors accueillir les élèves qui sont actuellement pris en charge au collège de Chirongui », nous rapporte le vice-recteur Gilles Halbout, heureux que ce challenge contre le temps qu’il a personnellement mené, soit gagné.
De futurs Talents en science et en sport
Ce lundi à 8h, il avait à ses côtés le maire de Bouéni, Mouslim Abdourahamane, accueillis par Jocelyne Bernard, la principale, et son équipe en présence des parents d’élèves. Chants et mbiwi donnaient à cette rentrée un air de fête supplémentaire.
Le collège portera des parcours Talent en science et en sport. Nul doute que pour le premier, installé en partenariat avec l’Ecole normale supérieure, Gilles Halbout qui en est issu, aura fait jouer ses contacts, quant au sport, c’est l’escalade qui est visée, avec la présence d’un mur adéquat.
Parmi les finitions, il y a aussi la mini station d’épuration par filtres plantés qui a pris du retard, « elle sera finie en janvier ».
La surface de l’établissement est de 6.418m2, déclinée en salles pour l’enseignement général, 4 divisions de SEGPA, des équipements sportifs, une restauration scolaire, la vie scolaire, une salle polyvalente, un CDI, l’administration, des ateliers de maintenance et des logements de fonction. Quant à l’extérieur, de 6 490m2, outre l’aire de stationnement des véhicules, la cours de récréation, des aires de pratique sportive, les dessertes intérieures du collège et l’aire de traitement des eaux usées, priorité est donnée à un ensemble intégrant de larges espaces verts dont un jardin nouveau de 900m? et un arboretum de 1.7 ha…
Le collège qui cache la forêt
Ce dernier bénéficiera d’un ensemble de cultures préalables ensemencées à partir de graines récupérées en collaboration avec un naturaliste. Cette culture des végétaux se fera aussi en lien avec une pépiniériste. Cette installation, véritable cœur du projet éducatif, constituera un élément pédagogique prépondérant dans la conduite locale des activités liées au développement durable et à la préservation du biotope. Il ne manque qu’une chose pour parachever l’œuvre, la pluie !
Le vice-rectorat rajoute dans un communiqué que « cet établissement scolaire s’inscrit dans une démarche bioclimatique avec une architecture favorisant la ventilation naturelle et préservant des espèces d’arbres endémiques comme les baobabs ou Kapokier pendant le chantier ». Il faut espérer que la ventilation dite « naturelle », soit surtout réelle, et non pas synonyme de degrés supplémentaires sous prétexte d’économies d’énergie comme c’est le cas dans la MJC de Mgombani.
Nous avons interrogé Gilles Halbout sur ses prochains chantiers, qui s’apparentent souvent à des challenges ici : « Nous devons recevoir les projets des 4 architectes présélectionnés pour le lycée de Chirongui et la construction du lycée de Longoni doit commencer ». A plus long terme, il évoque les projets du collège de Vahibé, du lycée de Kwalé, du lycée de Mtsangamouji, « nous allons acheter le terrain en tenant le timing que j’avais annoncé », et le foncier du collège de Kavani, « le seul des quatre qui nous pose un problème de terrain, sujet de désaccord entre la ville de Mamoudzou et le conseil départemental. »
A Bouéni, ce n’est pas seulement un établissement de plus, mais aussi l’occasion d’y glisser un projet pédagogique, portant sur l’aménagement paysager. Un bon modèle pour les suivants.
Anne Perzo-Lafond
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