Lors de la présentation de l’écosystème unique du lac Dziani, les participants du colloque des Mathématiques avaient eu un léger vertige en comprenant que le phénomène d’enfoncement de l’île pourrait s’être de nouveau accentué. C’est à la fois vrai, mais à la fois trop fragile pour que des conclusions puissent être irrémédiablement tirées, pour Frédéric Tronel, directeur de l’antenne locale du Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM).
La ministre des outre-mer avait averti de publications bimensuelles de REVOSIMA, le bulletin qui nous donne des news du volcan, des séismes, du déplacement de l’île, etc. Et pour l’instant, la préfecture tient le rythme, parfois avec un peu de retard, « il faut le temps d’analyser les données », explique Frédéric Tronel. Nous avons donc déjà en main le n°7 de REVOSIMA, quand celui qui porte sur la période du 1er au 15 novembre va sortir « dans quelques jours ».
« Pas d’évolution majeure », informe d’entrée de jeu le bulletin. L’éruption sous-marine est toujours située à 50-60km à l’Est de Mayotte, avec une activité sismique centrée à 5-15km de Petite Terre, à des profondeurs de 25-47 km. On sait également que des épicentres se situent à 5km voire en dessous de Petite Terre, en raison de la vidange de la chambre magmatique. L’activité sismique reste stationnaire avec un nombre de séismes toujours élevé, 544 du 16 au 31 octobre, soit une moyenne de 38 par jour, « dont 13 séismes en moyenne localisables par jour »
« Nette recrudescence de l’énergie sismique libérée »
Six séismes ont été clairement ressentis, les 21 (M 3,5), 23 (M4,2), 25 (M3,5), 26 (M3,2), 28 (M3,5) et 30 (M3,5) octobre. A des profondeurs oscillant entre 30 et 35 km,
Cependant, les scientifiques ont enregistrée une « nette recrudescence de l’énergie sismique libérée ». Depuis le début de la crise, les stations GPS enregistre un déplacement vers l’Est de l’île de 19 à 21 cm, et un affaissement (subsidence) de 8 à 16 cm, d’avantage à l’Est qu’à l’Ouest de l’île. Une stabilisation du phénomène avait été observé, mais semble avoir récemment évolué : « Depuis avril-mai 2019, un ralentissement des déplacements est observé. Sur les deux derniers mois, l’affaissement semble même s’être stabilisé (…) Il semblerait cependant qu’une légère reprise (à confirmer dans les prochaines semaines) de la subsidence ait lieu depuis la mi-octobre ».
Frédéric Tronel invite à la prudence : « Ce sont des petites anomalies, mais pas enregistrées par toutes les stations. Même avec la publication du prochain bulletin, nous n’aurons pas assez de recul. Il faut attendre plusieurs semaines. »
Une certitude, « le phénomène éruptif continue », et de prochaines informations devraient tomber, « avec les retours d’analyse de la mission du SHOM, le Service Hydrographique et Océanique de la Marine, menée au mois d’août ».
(Lire Revosima bull 07)
Anne Perzo-Lafond
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