Tout aurait commencé par un vol de chien. Un jeune de Koungou aurait dérobé l’animal d’un jeune de Majicavo. Une bande issue de ce dernier village est alors venue attaquer les jeunes de Koungou, semant la terreur dans la commune. Ce n’est cependant là, que l’un des nombreux prétextes utilisés par les bandes de jeunes pour justifier leur soif de violence. Ces bandes issues de villages rivaux, constituées en grande partie de jeunes désœuvrés, n’ont pas besoin de raison pour se battre entre eux et semer le trouble dans les différentes communes de l’île. Lors des derniers affrontements de ce week-end à Koungou, de nombreux caillassages ont eu lieu, des voitures ont été caillassées et vandalisées, des incendies ont démarré, mobilisant les forces de l’ordre. Une centaine de gendarmes ont été « envoyés au front » ainsi que le GIGN pour tenter d’endiguer ces violences qui ont terrorisé les riverains pendant tout le week-end. Un blessé grave a été évacué à l’hôpital et en est ressorti hier soir avec 45 jours d’ITT. « C’est le seul blessé officiel », nous précise le lieutenant-colonel François Bisquert, l’officier de communication de la gendarmerie. « Il y en a sûrement eu d’autres, mais ils ne sont pas venus se plaindre », explique-t-il.
Entre hier et aujourd’hui, 7 jeunes fauteurs de troubles ont été interpelés et ont été jugés ou vont être jugés en comparution immédiate. Parmi les 3 jeunes interpelés hier, l’un d’entre eux a été relâché car mineur, un autre a écopé de 2 mois de prison avec mandat de dépôt ainsi que 500 euros d’amende. Le troisième, mineur également, a été mis en examen ; il est suivi par la PJJ en attendant son jugement. D’autres interpellations vont suivre. « Cette enquête est un travail de fourmi qui consiste à reconnaître et retrouver ces chefs de bande logeant souvent dans des bangas », affirme le commandant Bixquert. Selon le préfet, invité du journal télévisé de Mayotte la première lundi soir, une cinquantaine de chefs de bande sont actuellement recherchés par les autorités. « Nous allons nous occuper d’eux », a-t-il déclaré. « Il y a actuellement 22 militaires qui travaillent à les identifier », a-t-il précisé.
Un couvre-feu instauré hier par le maire
Le déploiement des forces de l’ordre a visiblement porté ses fruits puisque dès hier les riverains ont pu constater un retour au calme dans la commune de Koungou. En attendant, l’enquête suit son cours et, pour éviter que de nouveaux actes de violence n’éclatent, le maire de la commune a décrété un couvre-feu pour les mineurs lundi. Cet arrêté stipule que la circulation des mineurs non accompagnés par un parent pouvant justifier de leur identité est strictement interdite de 18h à 6h du matin. Par ailleurs, le grand cadi s’est déplacé hier également à Koungou pour faire le tour des mosquées afin de faire de la prévention parentale. En effet, ces affrontements entre jeunes sont dus en grande partie à une démission des parents face à l’éducation de leurs enfants, mais aussi au manque de structures pouvant occuper les jeunes sur l’île.
Pour le moment, la gendarmerie ne constate pas de signaux indiquant que les violences pourraient reprendre au cours de ces prochains jours, mais la prudence reste de mise.
L.D.