Condamné à quatre mois de prison avec sursis, et une interdiction de territoire de deux ans, l’homme risque l’incarcération si on le retrouve en France. Il lui a donc été vivement conseillé de partir sans délai à l’issue de l’audience.
Il a été condamné pour avoir tenté de s’envoler pour Paris le 22 juin dernier, en présentant à l’aéroport une fausse carte d’identité. Ou plutôt une vraie carte, subtilisée à son propriétaire légitime, et qui a été modifiée moyennant la somme de 700€ pour correspondre à son nouveau porteur. Pas de quoi tromper la vigilance des agents habitués à ce genre de manœuvre, et qui ont empêché le départ et saisi la justice.
A la barre l’homme a tenté de se justifier : “c’est dur ici avec des enfants (…) ce que j’ai fait, c’était pas bien, mais je voulais chercher une vie meilleure”.
Une vie meilleure qu’il aurait été bien en peine de trouver s’il avait pu s’envoler. D’abord parce que lesdits enfants et son épouse sont dit-il “en voyage” (avant d’admettre à demi mot qu’ils sont quelque part à Mayotte). Toujours est-il que ces derniers n’étaient pas avec lui pour ce vol. “Monsieur les aurait abandonnés pour aller à Paris ?” s’interroge le président Laurent Ben Kemoun.
Autre interrogation du magistrat, ce ressortissant comorien comptait “partir à Paris sans parler français ?” L’interprète traduit la question et acquiesce. L’homme semblait ignorer que si la maîtrise du français n’est pas toujours indispensable à Mayotte, à Paris, c’est une autre affaire. A moins d’avoir de solides contacts pour y être accueilli et prendre ses marques. “Quelqu’un vous attendait là-bas?” demande enfin le président d’audience. “Non” répond simplement le prévenu.
Après quelques minutes d’instruction du dossier, il semblait évident que se faire arrêter avant de décoller était sans doute la meilleure chose qui puisse arriver au jeune homme, arrivé à Mayotte clandestinement au mois de mars dernier, dans le seul but de rejoindre Paris. Sa condamnation est pour le parquet un “avertissement sérieux”. “Vous devez partir tout de suite” prévient le président Ben Kemoun. “Si vous restez, ça sera aussi une infraction”. Le cas échéant, les 4 mois de prison avec sursis pourraient être révoqués, et l’expulsion pourrait être précédée d’une incarcération.
Y.D.