Une forte augmentation des cas de dengue met les autorités en alerte. En une semaine, le nombre de cas déclarés et confirmés médicalement a doublé, atteignant 200 cas la semaine dernière. Face à cette évolution, le préfet a “décidé de passer le plan arbovirose au niveau 3, le stade épidémique” explique Jean-François Colombet.
Cette vigilance qui monte d’un cran “signifie que nous allons mobiliser les communes et le Conseil départemental pour tenter de lutter contre la propagation de ce qui ressemble de plus en plus à une épidémie” poursuit le préfet.
Le niveau 3 implique aussi des mesures exceptionnelles pour endiguer cette propagation.
D’abord, en luttant contre le moustique tigre. La lutte antivectorielle passe par la destruction chimique des moustiques adultes dans un rayon de 80 à 100m autour des cas avérés de dengue. Une dizaine de militaires du RSMA sont formés à la lutte antivectorielle, et des pompiers le seront prochainement pour participer aux actions préventives.
Parmi les plus importantes, la lutte contre des déchets. Les divers détritus qui traînent sont des réservoirs d’eau stagnante qui favorisent la reproduction des moustiques. Or, les véhicules et autres pneus abandonnés sont légion. Pour “ces déchets qui ne sont pas valorisés sur l’île, nous allons dégager un site loin de toute habitation” pour les stocker précise le préfet. Le site sera l’ancienne décharge de Dzoumonié. Les divers déchets qui seront ramassés en zone habitée y seront déposés. Une solution qui est provisoire, précise le représentant de l’Etat.
Autre volet crucial, la communication. Le Conseil départemental va mobiliser tous ses services pour agir auprès de la population et communiquer les bons gestes. Les Cadis seront eux aussi mobilisés pour passer le message dans les mosquées. Des gestes aussi simples que vider toute eau stagnante et éviter les coupelles sous les pots de fleurs doivent ainsi devenir des réflexes.
Un autre conseil majeur est de proscrire l’aspirine en cas de fièvre. Certaines formes graves de la dengue sont hémorragiques, et l’aspirine, un anti-coagulant, peut aggraver encore les symptômes. Le paracétamol est donc à privilégier.
Le Département par la voix de son 4e vice-président Issa Issa Abdou prévoit aussi d’associer les associations à caractère environnemental qui bénéficient de subventions.
L’Agence régionale de santé de son côté assure une veille permanente et distribue à chaque patient confirmé un kit composé d’une moustiquaire traitée et de bombes insecticides. Le troisième grand volet du plan est en effet d’éviter que les malades soient piqués de nouveau. “Si le malade n’est pas piqué, il ne transmettra pas la dengue” explique Julien Thiria du service prévention de l’ARS.
La dengue connaît aussi un léger retour à La Réunion mais dans des proportions plus faibles (quelques dizaines de cas en 2020).
Actuellement les principaux foyer se situent à Bandraboua, Bandrélé et Mramadoudou. Des cas sont aussi signalés à Mamoudzou dans les quartiers de Doujani, Mtsapéré et Passamaïnty.
Y.D.