Depuis le passage d’Olivier Noblecourt, l’ex-monsieur pauvreté du gouvernement, un des premiers à s’aventurer dans cette zone, les associations se sentent soutenues. « Nous sommes appuyés par la mairie et la politique de la Ville », répondait à la Secrétaire d’Etat le représentant de l’association Coup de Pouce, qui accompagne 160 jeunes par an, en aide aux devoirs ou en formations. Des formations encadrées par des mesures qui évoluent puisque « l’âge est repoussé de 16 à 18 ans, nous allons bientôt le voter », expliquait Christelle Dubos qui était venues à la rencontre des associations lors de son tour sur les hauteurs de Mangatélé.
Ce sont donc 1,9 million d’euros qui sont débloqués pour la période 2019-2025, « essentiellement vers les dispositifs d’insertion en emploi. Il faut rapprocher du monde du travail les populations qui se sentent exclues », explique la ministre tout en marchant. Et l’ampleur de la tâche d’accompagnement des jeunes à insérer est énorme puisque ce sont 10.000 élèves qui sont scolarisés chaque année dans le quartier, du primaire au secondaire.
Une opération-tiroir dans les cartons
Si la somme d’argent débloquée semble conséquente, le nerf de la guerre est ailleurs, selon Sidi Nadjayedine, adjoint au maire de Mamoudzou, qui servait de guide : « La difficulté, c’est le foncier. Cela fait 20 ans que ces cases en tôles sont là, il va falloir déloger les gens, et mener une ‘opération tiroir’ pour venir à bout du défi du logement. » Il ne s’agit pas de glisser les dossiers dans un meuble où ils prendront la poussière, non, mais de reloger momentanément les habitants en attendant de construire en lieu et place des cases, des logements-type. Un prototype a été concocté par l’Etablissement public foncier, et sera présenté à la secrétaire ce mardi. Une vigilance sera apportée pour que d’autres cases ne fleurissent pas sur le terrain entre les deux opérations, rassure l’élu.
Beaucoup d’associations œuvrent, certains bénévolement, d’autres sont subventionnées. Wenka culture, sur l’insertion professionnelle et sociale des personnes en grande difficulté, USPK, Union Solidaire Propreté Environnementale de Kaweni, sur la sensibilisation au nettoyage et la formation, Virage nord, pour amener les jeunes vers le sport, Jeunes Talents en soutien scolaire et théâtre pour les jeunes de 10 à 18 ans, les Maillots jaunes de surveillance des quartiers, etc. Ces derniers les avaient quelque peu déserté ces derniers temps, « nous ne fonctionnons plus régulièrement depuis 4 mois car nous manquons de sous », nous glisse un référent.
Autre outil, détaillé à la secrétaire d’Etat par Stéphanie Simonet, déléguée du préfet sur le quartier de Kawéni, la cité éducative dont la mise en place est en cours. Elle permettra d’intensifier les prises en charges éducatives des enfants à partir de 3 ans et des jeunes jusqu’à 25 ans, avant, pendant, autour et après le cadre scolaire.
En plus de ces associations de quartier, de grosses structures œuvrent à Mayotte, que la ministre doit rencontrer ce lundi, comme Mlézi ou la Croix Rouge. Elle assistera à la 2ème conférence régionale des acteurs de la lutte contre la pauvreté ce lundi.
Anne Perzo-Lafond