La bourse du Conseil départementale versée aux étudiants mahorais qui partent en mobilité bénéficie à un nombre croissant de jeunes. En 2017, 1900 étudiants la touchaient, ils sont désormais 2758.
Si le nombre de bénéficiaires a augmenté, c’est que cette aide départementale n’est plus conditionnée à l’obtention d’une bourse d’Etat sur critères sociaux. Du coup, des étudiants qui ne sont pas boursiers sur critères sociaux peuvent en bénéficier. Depuis la rentrée de 2018, “le nouveau règlement a pour état d’esprit d’accompagner le développement du territoire en mettant l’accent sur les métiers en tension” explique Ali Debré Combo, conseiller départemental en charge des affaires estudiantines.
En clair “ce règlement n’est plus soumis à la bourse nationale, il valorise et priorise les parcours d’excellence et les filières jugées prioritaires par le Département”.
L’objectif est d’inciter les jeunes à opter pour des filières dont Mayotte a besoin. De la sorte, un étudiant en médecine ou en école d’ingénieur percevra une aide plus importante qu’un jeune qui se tournerait vers un BTS Management des unités commerciales (MUC), moins demandé à Mayotte. Avec ce virage, l’esprit de l’aide sociale a changé pour devenir une aide à l’économie locale. “Dans le passé, nous avions un dispositif qui était considéré comme social”, confirme Enfanne Haffidou, directeur général adjoint en charge des questions économiques au Département. “Le nouveau dispositif est un outil économique, il se veut incitatif pour aller vers ces études et doit être un appui à la structuration des filières économiques”.
La nouvelle bourse est aussi un outil “d’excellence” puisque certaines filières, indépendamment des besoins de Mayotte, sont éligibles aux aides les plus élevées. Il s’agit alors de “conduire des élites dans des secteurs habituellement plutôt réservés aux métropolitains” poursuit le cadre. L’idée sous-jacente étant de faire briller Mayotte en accompagnant des “cerveaux” vers des études jugées prestigieuses.
“Au final, c’est une plus grande chance donnée aux jeunes, et donc un outil d’insertion” poursuit Enfanne Haffidou.
Néanmoins le règlement se veut aussi flexible, car le territoire évolue vite. Ainsi à la base, cette bourse était réservée aux étudiants “hors de Mayotte”. Avec un effet pervers possible : celui d’inciter des étudiants à partir, quand on sait combien le déracinement des néo-bacheliers est générateur d’échec dans les études supérieures, notamment en métropole.
Or, des études sur des métiers “en tension” arrivent à Mayotte. Il serait ainsi inconcevable qu’un étudiant en médecine à Lille ou Paris ait cette aide, et pas celui inscrit en Paces au CUFR à la rentrée prochaine. Cette filière “et d’autres” fait ainsi l’objet de discussions avec le rectorat dit le Département.
L’enveloppe consacrée à cette aide avoisine les 10 millions d’euros. Elle s’élève pour chaque étudiant à 161€ par mois minimum. Pour ceux qui suivent des études recherchées ou prestigieuses selon le Département, elle monte à 278€ en première année, 350€ en deuxième année et 422€, le montant maximum, en licence ou après le concours Paces.
Les demandes sont à formuler sur le site bourses.cd976.fr
Y.D.
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