Coup dur pour les Français coincés à Moroni, qui souhaitaient rejoindre la France. La fermeture des frontières a rallongé le séjour de la plupart d’entre eux, et aggravé des problèmes de santé. Mais la surprise la plus désagréable aura été le prix du vol retour : 418€ par personne, enfants compris, à régler en espèces avant de s’envoler pour Mayotte sans un avion Ewa affrété par l’Etat.
Kaïla a voyagé avec son enfant de deux ans. Depuis le RSMA où elle est confinée, elle relate son séjour mouvementé.
“Moi à la base je suis allée là bas 2 semaines je devais rentrer le 19 mais on s’est retrouvés bloqués [par la fermeture des liaisons aériennes]. J’ai un petit de 2 ans qui a une santé fragile donc je me suis signalée à l’ambassade. Un jour à 20h ils m’ont appelée pour me dire qu’il y avait un vol le 13 avril, c’était 90€ chez AB Aviation par personne, pour un vol Moroni-Anjouan, et le samedi on nous a dit d’aller à Ewa payer 418€ par personne pour rejoindre Mayotte depuis Anjouan”.
Pour elle et son enfant, la facture montait ainsi à plus de 1000€, alors que tous deux avaient déjà un billet avec Ewa. “On a essayé de négocier pour déduire le montant de notre billet retour, ils ont dit niet” regrette la jeune femme.
Autre passagère, Fatima revenait de métropole où elle s’était rendue pour des soins médicaux, notamment des infiltrations au dos. Elle opte alors pour un billet moins cher qui passe par Moroni. Là, elle se fait surprendre par l’épidémie et comme les autres, se retrouve coincée, et en appelle à l’ambassade pour être rapatriée.
Un vol affrété par l’Etat, répercuté sur les passagers
“On nous a dit qu’il y avait un vol pour Mayotte, et qu’il y aurait des frais. On pensait à une centaine d’euros, pas à 418€ pour un vol de 20 minutes en charter humanitaire, on aimerait comprendre !” s’interroge la quadragénaire.
Du côté d’Ewa air, la situation n’a rien d’étonnant.
“J’ai été réquisitionné, j’ai fait un affrètement à l’ambassade de France, c’est l’ambassade notre client” indique Ayoub Ingar, directeur de la compagnie mahoraise, filiale d’Air Austral.
“Ce n’est pas nous qui avons fixé le prix aux passagers, je suis incapable de dire combien ils ont facturé les passagers. L’Etat a dû répercuter sur eux” suppose l’avionneur.
C’est pourtant bien en agence Ewa que les passagers ont été invités à payer la douloureuse, comme en témoigne le reçu ci-contre, d’un montant de 206 000 francs comoriens, soit 418€.
Le tarif demandé aux passagers serait toutefois selon une source “cohérent” avec le coût d’un tel vol, parti à vide pour ramener 63 passagers et qui serait intégralement répercuté sur les rapatriés.
“C’est le coût du billet répercuté comme c’était le cas pour Madagascar” confirme la préfecture qui précise que ” tout ça est piloté par le Quai d’Orsay”.
Pour ceux qui avaient un billet retour, il faut désormais pour le directeur d’Ewa “aller voir l’agence de voyage et on va faire des avoirs [du montant de leur billet initial NDLR], il y a une politique commerciale qui a été mise en place, leur billet retour n’est pas perdu” promet-il.
YD