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lundi 25 novembre 2024
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La cloche de la rentrée va sonner à une date incertaine à Mayotte, mais le recteur se prépare

Le ministre Blanquer a annoncé le menu light d’un retour très aéré sur les bancs de l’école. A Mayotte, le recteur Gilles Halbout contre certains arguments avancés par l’ARS pour décaler la date de déconfinement, et déroule le programme d’une rentrée scolaire étalée sur 3 semaines.

En plein confinement, la rentrée scolaire a un petit air de science fiction, avec cette difficulté de se refaire à un quotidien « d’avant », comme le ressentent plusieurs Néo-calédoniens peu enclins à la reprise ce lundi 20 avril. Que les territoires soient exempt de nouveau cas, ou soient toujours confrontés au virus, on voit qu’il n’est pas facile d’envisager un retour à la normale.

C’est pourtant ce qui se dessine à entendre le programme de réappropriation des bancs des écoles concocté par le ministre de l’Education Nationale, Jean-Michel Blanquer. On voit à quel point c’est fragile, puisqu’à peine son audition terminée devant les députés qui ont eu la primeur de l’agenda de déconfinement scolaire ce mardi, les préconisations du conseil scientifique étaient attendues avant validation.

A Mayotte ce lundi, l’ARS émettait des doutes sur une reprise le 11 mai, avant que le programme de reprise scolaire soit présenté par le recteur Gilles Halbout, calqué sur celui du ministre, avec des adaptations.

Le recteur ne conteste pas directement le jour « J » de la reprise, « ce n’est pas à nous Education nationale de décider de la date de déconfinement, c’est à l’ARS de la proposer, ça a toujours été notre ligne de conduite », mais revient sur les points bloquants qu’avait énumérés Dominique Voynet pour justifier son souhait de reporter la date de déconfinement à fin mai. Si l’axe principal de la directrice de l’ARS est bien le contexte épidémiologique d’une forte dengue couplée à la dynamique de la crise de Covid-19, elle a notamment évoqué trois autres éléments, que le recteur a peu goutés.

Sous les pavés scolaires, la plage

Gilles Halbout avec des élèves de 3ème… ça c’était avant ! La distance entre les élèves sera désormais la norme

Le retour de la centaine de personnels de l’éducation nationale, bloqués en métropole, est le premier. Un problème que Gilles Halbout balaie d’un revers de main, « ils représentent 1,5% de nos personnels, on peut s’adapter en attendant qu’ils rentrent. Et si on décide de faire revenir les étudiants ultramarins, pourquoi pas les profs ? C’est le même risque. De toute façon pour cette rentrée, tout le monde ne sera pas prêt en même temps. Certaines municipalités auront des réticences, ou des problématiques d’hygiène non résolues, d’autres non. »

Second point, décider d’une date qui permet de laisser passer le ramadan ne lui semble pas judicieux : « Ça interroge sur le système républicain. Les enseignants à Mayotte se sont toujours adaptés sur cette période à la forme physique des élèves. On crée un précédent qui peut permettre ensuite toutes les excuses. »

Quant au rythme d’un « confinement allégé » à partir du 11 mai, envisagé par l’ARS, on sent comme une goutte d’eau qui ferait déborder le lagon quand il évoque la possibilité d’aller à la plage ou de pratiquer une activité sportive : « Je m’interroge. Dans le cadre d’un déconfinement, les activités scolaires, notamment sportives, ne seraient pas possibles, et pourtant autorisées en dehors de ce cadre ?! Soit on déconfine et on reprend les cours progressivement, soit la situation sanitaire ne le permet pas, et on confine vraiment ! »

Si la météo entre l’ARS et le rectorat ne semblait pas au beau fixe ce lundi, la situation semble évoluer puisque les deux structures doivent se retrouver pour plancher ensemble sur l’adaptation du système scolaire à la contrainte sanitaire en vue de la rentrée.

Le b.a.-ba des gestes barrière

Les gestes barrière à l’heure de la récré… toute une éducation

La rentrée scolaire qui dépend donc de la « doctrine sanitaire », s’étale sur 3 semaines en fonction des niveaux. A Mayotte, près une prérentrée des professeurs, la première semaine concernera plutôt les CP-CE1, « parce que ces classes sont déjà dédoublées, nous nous organiserons pour celles qui sont en co-enseignement ». Puis, les CM2, et une alternance des niveaux de primaire autour des CP-CE1.

Les collégiens seront accueillis en deuxième semaine, avec priorité donnée aux 3ème, puis probablement aux classes de 1ère et de Terminale, « en raison du Bac à préparer », et probablement les Seconde en enseignement spécialisé. « Si la date du 11 mai est conservée, cette deuxième semaine ne comprend que 3 jours en raison du pont de l’Ascension. Sinon, nous décalerons ce programme si nécessaire. » La 3ème semaine de rentrée accueillera l’ensemble des niveaux, « sous condition d’un plafond de 15 élèves par classes ». L’alternance se fera par demi ou tiers de classe dans le secondaire, et par niveau dans le primaire.

Pendant qu’une partie des scolaires sont accueillis dans les établissements, les autres ne se tournent pas les pouces. Le travail à distance ou avec des activités sportives, devra être mis en place.

Le recteur poursuit un double objectif, « il faut ramener à nous les élèves décrocheurs, et profiter de la période de déconfinement pour éduquer aux gestes barrière. » Ce que lui ont rappelé les élèves du Conseil de vie lycéenne qu’il a rencontré ce mardi : « Une rencontre enthousiasmante ! Ils ont insisté sur la mise en place de séquences éducatives où on apprend le vivre ensemble en maniant la distanciation. L’épidémie va se poursuivre à Mayotte comme dans le reste du pays, il faut qu’on leur apprenne à vivre avec, en arrêtant de se pousser, de s’embrasser ou de se checker, et pour les plus petits, à se laver régulièrement les mains. En tout cas, les élèves ont compris, que le danger, c’est le comportement des jeunes entre eux, et non pas l’école. »

Gilles Halbout le martèle, « il n’y aura de reprise que dans les écoles qui seront prêtes. »

Anne Perzo-Lafond

Anne Perzohttps://lejournaldemayotte.yt
Anne PERZO Le journal de Mayotte https://lejournaldemayotte.yt

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