« Elus peu scrupuleux », « détournements de bons alimentaires à des fins électoralistes »… Le journal de Saône-et-Loire info-chalon.com, se fait l’écho de pratiques illégales de la part de « certains élus » du territoire. Selon le journaliste, « des bons alimentaires ont été interceptés par certains élus, contre l’avis des Directeurs des CCAS, afin d’aller eux-mêmes les distribuer aux personnes de leur choix et ce dans le seul but de faire leur ‘campagne électorale’ ».
Une dénonciation qui n’aura étonné personne quand on sait que les listes de certains Centres Communaux d’Action Sociale (CCAS) peuvent être « politisées », comme nous le glissait le conseiller départemental Issa Issa Abdou, et alors que le 2ème tour des municipales se prépare. C’est à dire que, a minima, les noms inscrits ne correspondent sans doute pas à la frange de population la plus démunie, dont beaucoup sont en situation irrégulière. De là à utiliser ce vecteur pour mener une campagne officieuse, il n’y avait donc qu’un pas.
La dénonciation portée jusqu’en Bourgogne émane d’un directeur de CCAS, « offusqué d’une telle démarche politique » et « menacé de licenciement, par un de ces élus corrompus, ce qui met la communauté de cette petite ville hors d’elle », rapporte le journaliste. Une « petite ville, » vite désignée par les échos comme étant celle de Tsingoni. Son maire LR Mohamed Bacar que nous avons contacté, le confirme d’ailleurs. Pas le détournement éventuel, mais des discordes persistantes avec le directeur du CCAS : « Alors qu’il s’agissait de lancer la distribution de bons, sa liste présentait de nombreuses irrégularités, certaines personnes étaient décédées depuis longtemps, certaines n’habitaient plus département, et d’autres étaient inscrites deux fois », accuse-t-il à son tour.
Guerre de listes
Il reproche au directeur son absence aux réunions préparatoires à l’opération de distribution, et même pire, le suspecte d’avoir lui-même détourné des bons. Alors que le conseil départemental a versé pour cette commune 27.830 euros sur le compte du CCAS pour l’achat des bons, les élus remarquent que la commande ne porte que sur 27.000 euros. Et demandent des comptes sur les 830 euros restants. Une mésentente qui impacte aussitôt le fonctionnement du CCAS, puisque le jour de la distribution le 7 mai, les agents du CCAS ne sont pas sur le terrain.
Pour Mohamed Bacar, qui nous fournit en gage de bonne foi la liste des bénéficiaires, cette situation est bien liée aux élections municipales, mais pas dans le sens que l’entend l’article châlonnais : « La femme de ce directeur est sur la liste MDM opposée à la mienne, qui est arrivée seconde aux premier tour. Or, je lui ai expliqué qu’il est avant tout un agent de la commune. » L’élu retrace une histoire d’amour tumultueuse entre Tsingoni et cet agent, « il avait été licencié par le maire précédent, je l’ai réintégré comme directeur de la politique de la ville lorsque j’ai été élu en 2014, avant que la préfecture n’émette des doutes sur son efficacité. »
Le maire avance une somme de fautes « assez lourdes », qui justifient le lancement d’un « procédure administrative contre lui », et désormais, judiciaire, depuis la parution de l’article, « je vais déposer plainte ».
Un règlement de compte arbitré donc par la justice, qu’on espère assez rapide et qui doit servir au moins une cause, l’assainissement du contexte de distribution de bons ou de colis alimentaires, qui doivent bénéficier aux plus démunis. L’équilibre d’une société en confinement en dépend.
Anne Perzo-Lafond