Si il a donné de l’oxygène à beaucoup, le nouvel arrêté du préfet autorisant l’accès aux plages et au lagon en a laissé d’autres perplexes. Difficile de conceptualiser cette ouverture avec l’enfermement du confinement dans lequel nous sommes encore. Cette situation complexe est liée à l’incertitude sur l’évolution du virus. Comme le montre l’étude de l’Académie nationale de médecine, il aurait dû se comporter comme dans les autres DOM sous l’effet de la chaleur. Mais ce n’est pas le cas, et les dépistages en dents de scie de l’ARS ne nous apportent pas plus de réponses. Seule certitude, les hospitalisations n’augmentent pas, elles diminuent même, en comptabilisant bien sûr celles liées aux évasans à La Réunion.
Difficile de maintenir les gens chez eux quand sur le papier, l’île ne compte « que » 331 cas actuels (en retranchant les cas guéris de la somme totale de cas déclarés ce mercredi). Jean-François Colombet a donc ouvert une fenêtre vers l’extérieur, sans pour autant lever le confinement. Compliqué !
Les lieux de cultes vont pouvoir ouvrir moyennant l’application des gestes barrière et la limitation de fidèles dans les mosquées, églises et temples.
Maire et préfet, à chacun sa zone maritime
Concernant les plages et la navigation de plaisance, c’est aussi complexe. L’arrêté vise deux domaines de compétences différents. La gestion de l’accès aux plages et de la baignade dépend du maire, qui régit la zone des 300m littorale. Il devra donc proposer un plan d’accès avec le respect des mesures en vigueur.
La navigation sur le lagon est englobée dans l’arrêté donnant compétence aux maires, alors qu’elle répond de l’action de l’Etat en mer, nous expliquent les Affaires Maritimes. « L’arrêté pour la plage est bon, et il dépend donc de la décision des maires, mais celui portant sur la navigation suppose de supprimer l’interdiction prise le 11 mai sur la navigation hormis les navires de commerces, militaires et de pêche professionnelle », explique Michel Goron, directeur de la DMSOI. Ce qui devrait être fait dans les heures ou les jours qui viennent.
Car les opérateurs attendent ce blanc-seing pour s’élancer avec leur clientèle sur le lagon. « Pour l’instant je carène et je dois mettre en place le dispositif de protection demandé. Je pense commencer dès la semaine prochaine, parce qu’on a déjà les week-end de juin complets ! », explique l’un d’eux qui souhaite conserver l’anonymat.
Niels Bertrand, le gérant de la société Sea Blue Safari, fait un peu plus grise mine, après le vol d’un de ses bateaux équipé de deux moteurs de 115cv : « Ça s’est passé la nuit dernière, alors qu’il était au mouillage. J’ai contacté la gendarmerie maritime qui mène des recherches », nous explique-t-il. Impossible selon lui que l’embarcation ait rompu ses amarres, « sinon on l’aurait retrouvé sur les cailloux ».
Il met néanmoins la flotte qui reste en ordre de bataille, « mais avant, j’attends les publications nous autorisant à exercer ».
Anne Perzo-Lafond
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