Quelques observations menées ça et là par des navires scientifiques de passage, avaient conclu à une relative préservation de l’état des coraux de Mayotte. Cette fois, l’étude était ciblée et va pouvoir servir de base à une observation sur la durée.
Mayotte offre le plus beau récif corallien de la zone, de 342km2, composés d’une barrière frangeante et de récifs frangeants entourant l’ensemble de l’île et des îlots, de récifs internes dont une double barrière au sud de l’île, et d’un récif barrière plus au large entrecoupé de passes.
Les récifs coralliens de La Réunion sont de plus petite superficie, 18 km2, et ceux des îles Éparses de 6 km2 pour Tromelin à 49 km2 pour Juan de Nova. Ces dernières sont peu affectées par les pressions anthropiques directes et principalement soumis à l’action du changement climatique global.
Au total, 301 espèces différentes de coraux forment l’ensemble de ces récifs, « qui constituent les écosystèmes parmi les plus riches et les plus diversifiés des océans. Au terme de l’état des lieux réalisé, ces espèces apparaissent cependant soumises à de multiples pressions ».
12% de coraux menacés à Mayotte
Les résultats montrent que 15 % des espèces sont menacées ou quasi menacées à La Réunion, 12 % à Mayotte et 6 % dans les îles Éparses. L’étude est menée dans le cadre de la Liste rouge des espèces menacées en France.
Le changement climatique figure au rang des principales menaces. « Le réchauffement global se traduit par une augmentation de la température de l’eau de mer de surface, entraînant en saison chaude un blanchissement corallien qui peut conduire à la mort des coraux lorsque le phénomène est intense et se prolonge trop longtemps. Depuis le début des années 1980, les îles françaises de l’océan Indien ont ainsi traversé plusieurs épisodes de blanchissement marquants, provoquant des déclins locaux et une mortalité massive chez plusieurs espèces qui se trouvent aujourd’hui classées “En danger” ou “Vulnérables” dans la Liste rouge nationale. » C’est notamment le cas de l’Acropora hyacinthus, une espèce structurante des récifs, classée « en danger » à La Réunion, et « vulnérable » à Mayotte et aux Iles Eparses.
L’étude fait également le constat à Mayotte de « la pression croissante depuis le début des années 1980 sur les espaces littoraux et notamment sur les récifs frangeants, de la part de la forte croissance démographique et du développement économique. » La dégradation de la qualité des eaux côtières est alors provoquée par les effets cumulés de l’urbanisation croissante des littoraux, des rejets d’eaux usées, des pollutions agricoles et des apports de terre engendrés par les défrichements. « Certains coraux sont particulièrement sensibles à ces pressions et des espèces autrefois communes apparaissent désormais classées comme menacées de disparition. Enfin, l’impact des prélèvements, des maladies coralliennes et des cyclones s’ajoute aux pressions subies par les coraux. »
Pour les scientifiques, l’étude est encore à affiner en raison des données « encore parcellaires », qui soulignent « l’importance de poursuivre les suivis engagés sur les récifs ».
Si les coraux de Mayotte ne sont pas encore en grand danger puisque seulement un peu plus de 10% sont menacés, une atteinte « modérée » selon l’étude, les données récoltées montre « une tendance globale à la dégradation en termes de diversité et de recouvrement corallien ». Les principaux impactés seront les poissons qui se nourrissent sur les barrières récifales, avec un risque de perte de diversités.
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