Le Conseil scientifique a été saisi par le gouvernement le 13 mai 2020 pour se prononcer sur l’état de l’épidémie de covid-19 et sur les risques sanitaires attachés à la tenue du second tour et de la campagne électorale le précédant. Le premier ministre avait annoncé sa tenue pour le 28 juin, en demandant une expertise 15 jours avant cette date. Un premier avis vient de tomber ce 8 juin, qui fait notamment état de la situation à Mayotte et en Guyane.
Les experts reprennent les indicateurs fournis par le ministre de la santé, en les jugeant satisfaisants sur le plan national. « Entre le 27 mai et le 2 juin, le taux de positivité était de 1,6%, et le taux d’incidence* était inférieur à 7 pour 100.000 habitants dans toutes les régions métropolitaines. » Le R0 du nombre de reproduction de la maladie est inférieur à 1 dans toutes les régions métropolitaines, et le passage aux urgences y est « stable ou en baisse ».
A noter malgré tout que le virus continue de circuler en France métropolitaine « avec un total de 158 clusters identifiés depuis le 9 mai 2020 (…) ce qui était attendu à la fin du confinement », soulignent les experts scientifiques. On va le voir, un parallèle est à dresser avec Mayotte.
En Guyane, qui fait l’objet d’un traitement à part, comme Mayotte, la circulation virale est « en augmentation », en raison de déplacement de l’épicentre de la pandémie mondiale en Amérique Latine, « la vulnérabilité du territoire est désormais considérée élevée depuis le 6 juin ».
Cluster et stigmatisation brouillent les données
Moins d’inquiétude mais diagnostic identique sur la vulnérabilité à Mayotte avec un taux d’incidence hebdomadaire de 113,8 cas pour 100.000 habitants et un taux de positivité de 29,2%. La directrice de l’ARS Mayotte avait prévenu que le cluster de la prison allait faire exploser les compteurs. « Au 31 mai, le nombre de cas covid-19 positifs chez les détenus s’élève à 188 cas soit un taux de positivité de 53% », rappelle l’avis.
Ce foyer épidémique n’est pas le seul en cause, puisque la moitié des cas touchant le territoire avant le 2 juin était extérieur à la prison, on sait depuis que les pompiers de Longoni et le centre de dialyse Maydia sont touchés : « Le 5 juin 2020, 3 clusters sont en cours d’investigation, 4 sont maitrisés mais suivis et 10 clusters sont clôturés. Le taux de positivité calculé du 27 mai au 2 juin est très élevé (30%) alors que le nombre de prélèvements est en train de baisser. L’ostracisation des cas entraîne un frein à l’investigation des cas. »
Comme dans certains départements de métropole, c’est donc la présence de clusters qui fait grimper les taux à Mayotte. Pour autant, difficile de parler de catastrophe, puisque en métropole, certains départements cumulent aussi les clusters.
Risque de voir le Covid (a)battre la campagne
S’il semble que le second tour des élections puisse pour l’instant se tenir sur l’ensemble du pays (le conseil scientifique se prononcera de nouveau le 14 juin), rien n’est moins sûr en Guyane et à Mayotte.
Le Conseil scientifique attire l’attention des autorités publique sur l’importance des « risques particulièrement élevés associés à la campagne électorale » qui précéderait le scrutin. On sait que les meetings sont interdits, ainsi que le porte à porte et le serrage de mains.
Rappelons qu’en cas de report des élections, le projet de loi tel qu’il a été pris par le 1er ministre et adopté ce 8 juin à l’Assemblée nationale (passé ce mercredi au Sénat), prévoit l’annulation des résultats du 1er tour dans les communes où un second tour était nécessaire.
Pris pour l’ensemble des 5.000 communes françaises où le fauteuil n’avait pas été pourvu au premier tour, il prévoit des cas particuliers, en cas du vote pour un second tour sur le plan national, avec une « annulation localement en cas de foyers de contamination (clusters) ». Ce qui pourrait concerner un maximum de 5% des communes, indique cet amendement du gouvernement. Il ne précise pas ce qu’il advient du 1er tour pour ce nombre restreint de circonscriptions électorales.
Si l’annulation porte sur l’ensemble du pays, le nouveau scrutin à deux tour serait alors organisé « au plus tard en janvier 2021 ».
De son côté, la préfecture de Mayotte déroule son organisation en annonçant la tenue du 2ème tour pour le dimanche 28 juin. Les procurations établies pour le second tour du 22 mars restent valables.
Consulter l’ avis-conseil-scientifique-8-juin-2020
A.P-L.
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