JDM : Où avez-vous suivi vos études?
Tiffany Nouria Dohounzo : « Après une primaire au Bénin, j’étais scolarisée au collège de M’gombani puis au lycée Bamana. Comme en 2013 les cours étaient perturbés par une grève, j’ai basculé à Lille pour mon année de Terminale, où j’ai eu mon bac ES ».
Depuis quand avez vous décidé d’exercer un métier dans l’optique ?
Tiffany Nouria Dohounzo : « J’ai eu besoin de porter des lunettes l’année du Bac. On avait eu un chapitre sur la vision en physique et après avoir vu l’ophtalmologiste et un opticien, j’ai compris que c’était ce que je voulais faire. J’ai toujours eu envie d’exercer un métier de la santé.
Etant donné qu’il n’y a pas de spécialité maths en ES, j’ai du passer par une prépa. Mais la remise à niveau a été rapide, et j’ai bifurqué en 1ère année de BTS aussitôt. J’ai fait un an d’optométrie* »
Des études difficiles ?
Tiffany Nouria Dohounzo : « Au départ plutôt, car il y a beaucoup de physique, beaucoup de formules à apprendre. Mais on apprend surtout comment raisonner, pour après, l’appliquer aux cas concrets rencontrés. Il faut juste s’accrocher. J’étais la seule étudiante ultramarine, mais j’avais la chance d’avoir ma famille avec moi à Lille, avec ma mère qui faisait les allers-retours depuis Mayotte. »
Vous êtes revenue à Mayotte aussitôt votre diplôme en poche ?
Tiffany Nouria Dohounzo : « Non. Je l’ai obtenu en 2018, j’ai alors travaillé à Toulouse, chez Générale d’Optique. J’ai entendu dire qu’un opticien de Mayotte cherchait quelqu’un pour tenir son magasin à Mamoudzou. J’ai donc passé un entretien avec le directeur de May Lunettes en février, et j’ai été retenue. Là, je suis en quatorzaine à domicile, je commencerai le 22 juin. Je suis impatiente ! »
Les jeunes de retour sur leur île, sont parfois soumis à des pressions culturelles ou familiales. Notamment, les jeunes filles pour lesquelles on envisage un grand mariage. Comment cela se passe pour vous ?
Tiffany Nouria Dohounzo : « Dans l’éducation que j’ai reçue, la situation professionnelle prime sur beaucoup de choses. C’est pareil pour mes deux sœurs, l’aînée est psychologue, et la plus jeune suit des études de commerce international. Et j’ai bien sûr toujours voulu revenir, vu que déjà, je ne voulais pas partir (rires). Mais avec le recul, je vois que ça a été un point très positif d’avoir étudié à l’extérieur. »
Une jeune opticienne qui a de qui tenir, puisque sa mère dirige la Mission locale, et qui s’impatiente à l’idée de chouchouter les clients de la petite boutique de la place Mariage.
Anne Perzo-Lafond
* Professionnels de santé de l’œil et du système visuel
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