En entendant parler de “webinaire”, on aurait pu penser à un nouveau langage de programmation informatique. Ce n’est pas tout à fait ça. Fusion de Web et séminaire, ce terme renvoie à une réunion dématérialisée qui s’est tenue le 18 juin dernier sur l’économie sociale et solidaire, et qui a vu Mayotte se distinguer.
Pour bien comprendre, “Mayotte a été labellisée Territoire French Impact en 2018 (https://www.le-frenchimpact.fr/Labellisation/mayotte) . L’association French Impact est sous la houlette du haut commissaire à l’ESS. En lien avec la BGE et le Conseil départemental nous avons eu ce label car Mayotte est une terre d’innovation sociale et solidaire. Ce label encourage les initiatives dans l’ESS. D’autant que le mode culturel de l’économie à Mayotte est assez fort” explique Maymounati Ahamadi, directrice de la Cress Mayotte.
Ce label dont Mayotte est lauréate inscrit notre département comme territoire prioritaire sur un projet qui bénéficie d’une enveloppe de 375 millions d’euros à utiliser en synergie avec les différents territoires participant, à Mayotte avec les communautés de commune du Sud, de la 3CO et Koungou, mais aussi en métropole avec Roubaix ou Lons le Saunier par exemple.
Trois grands enjeux ont été définis, pour une multitude d’impacts locaux et régionaux.
“Les principaux défis pour le French Impact, c’est la formalisation de l’économie informelle, c’est à dire faire en sorte que l’informel soit valorisé. Il s’agit de formaliser pour développer des opportunités économiques. Or, il n’y a pas plus informel que l’agriculture, c’est le premier axe que l’on a choisi, afin d’avoir une restauration scolaire adaptée en proposant de consommer local” détaille la directrice. C’est notamment le gros enjeu de la 3CO “que l’on appelle le grenier de Mayotte” et qui ambitionne d’approvisionner la restauration scolaire en produits locaux.
“Le deuxième défi, c’est l’objectif de Mayotte zéro déchet en inscrivant Mayotte dans la transition écologique. Il y a des déchets tout autour de nous, que faire de ces déchets ? Cela ne s’arrête pas au nettoyage.”
Sur ce défi, on retrouve par exemple des projets de la communauté de communes du sud, qui y voit une opportunité pour développer le tourisme, ou de Koungou qui vise le zéro déchet.
“Le troisième défi, c’est Mayotte comme pilote régional de l’économie sociale. On ne peut pas développer Mayotte sans voir l’état de développement de ses voisins, Mayotte a des choses à apporter en termes de technicité, d’ingénierie, et la région a aussi des opportunités à nous apporter. L’objectif est d’avoir une réelle économie de l’Océan Indien.
Si on arrive par exemple à développer le médico-social, on arrivera à résorber aussi la question migratoire”.
En effet, les différents enjeux locaux sont liés.
“Il faut que Mayotte et les pays avoisinants participent à la baisse de la pression migratoire, pour cela, la coopération est essentielle. Cette coopération s’appuie sur la mutualisation des expertises et des savoir faire pour créer des entreprises et des emplois durables de part et d’autre, en exportant notre expertise et en important des savoir-faire. Le premier niveau c’est faire en sorte que les trois territoires au niveau local puissent se développer.” Il est prévu que Mayotte “reçoive en novembre une délégation parmi les 49 participants du webinaire notamment la ministre des Outre-mers et le haut commissaire à l’ESS pour consolider les projets avec les acteurs locaux”.
Cette rencontre physique cette fois sera l’occasion de formaliser des projets communs.
“On peut imaginer un échange entre Lons Le Saunier et la 3CO pour développer des projets agricoles conséquences, les échanges seront concrétisés en novembre, qui sera le mois de l’ESS” souligne Maymounati Ahamadi qui insiste sur la force de l’ESS à Mayotte.
“Pendant le Covid on a eu l’opportunité de faire des masques avec des couturières, ça a montré que c’est avec des structures de l’ESS qu’on peut faire face à des crises comme le Covid. C’est pour ça qu’on parle de transformation économique. Le Covid a été une gifle pour nous réveiller sur un système qui s’essouffle. Ce système doit exister, il faut de la place pour chacun, mais il faut absolument aussi une part de social et de solidarité, dans une production qui met au cœur l’humain. C’est le grand combat qu’on a défendu à Paris car c’est dans l’ADN des Mahorais. On ne fait que remettre à jour cette face cachée qui fait de nous les Mahorais que nous sommes, conclut-elle.”
Y.D.
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