Le média d’Edwy Plenel attaque le feu vert donné par l’Autorité de la concurrence au rachat du groupe Vindémia, filiale de Casino, à La Réunion et à Mayotte, par le Groupe Bernard Hayot, « une nouvelle opération de concentration dans la grande distribution, renforçant encore l’économie de rente qui domine dans ces collectivités. » Adoubé par le conseil d’Etat dans une ordonnance du 17 juin.
Vindémia est présent dans le secteur de la grande distribution à La Réunion, à Mayotte mais aussi à Madagascar et à l’île Maurice.
Reprenant l’étude de l’Observatoire des prix, des marges et des revenus, l’article vise les 27% de parts de marché que contrôlera le groupe à La Réunion après le rachat, et les 45% à Mayotte, contre les 38% détenues actuellement par Vindémia. Comme nous l’expliquions, s’il s’agit d’un simple rachat d’enseigne qui aurait pu ne pas avoir de conséquences, elle se fait dans un contexte dynamique à Mayotte, avec une grande surface commerciale en instance d’ouverture à Combani, « et en intégrant les centrales d’achat et les groupements de fournisseurs », rappelle Médiapart, « un empire vertical », qui pourrait verrouiller le marché en amont.
Les dirigeants réunionnais du groupe s’en défendaient dans nos colonnes, en indiquant que les deux grossistes qui tombent dans son escarcelle « ne font pas de chiffre d’affaires à Mayotte ». Le risque de création de nouvelles entités demeure néanmoins, et celui inhérent « d’emprise sur l’économie des Outre-mer », craint également Médiapart.
Soutien au groupe Casino
De plus, « la décision de l’Autorité de la concurrence est attaquée, notamment, sur la base des critères qu’elle a pris en compte avant d’autoriser l’opération de concentration. Ses calculs de parts de marché et son mode d’évaluation des positions dominantes s’appuient sur la surface de vente et non sur le chiffre d’affaires », complète le média. Pour les dirigeants de GBH, il y a « déconcentration », puisque l’Autorité de la concurrence conditionne le rachat à la vente de 7 magasins à La Réunion. Aucun à Mayotte puisque le groupe n’est pas présent.
Comme nous l’avions expliqué, un vent fort semble souffler en faveur de cette reprise qui se chiffre à 219 millions d’euros : l’Autorité de la concurrence a statué en phase 1 de l’opération, alors que les acteurs jugent qu’une étude poussée aurait été nécessaire, ensuite le ministre de l’Economie n’est pas intervenu comme la loi l’y autorise, et le conseil d’Etat a rejeté la requête des concurrents, estimant qu’il n’y a pas « atteinte grave et immédiate au maintien de la concurrence ». D’autre part, la préfecture de Mayotte n’avait pas rendue publique l’étude d’impact demandée par l’OPMR des deux départements français.
Les requérant, dont la CPME de Mayotte, pourront toujours reprendre l’argument fourni par Médiapart d’un soutien possible des institutions au groupe Casino endetté, qui avait notamment revendu Leader Price en début d’année.
Une assemble plénière d’urgence de l’OPMR doit se tenir ce lundi à Mayotte, notamment en présence du rédacteur de l’étude d’impact.
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Anne Perzo-Lafond
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