“Le principe ne choque pas dans l’absolu” estime Issa Issa Abdou, vice-président du conseil départemental et président du conseil de surveillance du CHM. Toutefois l’élu se dit “prudent” sur un sujet qui “devient politique”. “Face à l’émoi et aux interrogations, nous sommes avec le président Soibahadine dans une logique de privilégier la prudence. On voit cette lecture erronée qui est de dire que Mayotte et la Guyane seraient des cobayes, je ne suis pas de cette radicalité. Mais sans accord des patients, ça ne se fera pas.”
Une garantie reprise et répétée par la directrice du CHM et l’infectiologue Mohamadou Niang. “Rien ne se fera sans le consentement des personnes malades” assurent-ils tous.
Le consentement, c’est à dire un accord écrit, éclairé, signé, par des personnes en mesure de comprendre ce qu’elles signent. Telle est la promesse.
Ceci étant, sur la nature même de l’essai, “il y a lieu de préciser des choses” rebondit le Dr Niang qui rappelle que “aucun médicament n’a fait ses preuves cliniquement, tout se base sur les essais cliniques”. Le recours à l’immunité passive, qui consiste grâce à une transfusion de plasma sanguin à offrir des anticorps d’un patient guéri à un patient encore malade, est une des pistes étudiées depuis le début de la pandémie. Une première expérimentation a eu lien en métropole en avril, mais cette piste a aussi été testée depuis 2003 pour les autres épidémies de coronavirus comme le Sars-Cov et le MERS. Le plasma a aussi été utilisé en 2009 contre l’épidémie de grippe H1N1.
“Le plasma, c’est comme une transfusion sanguine”
Le résultat tendait à montrer une diminution de la réplication virale, résume l’infectiologue pour qui “ça a permis de sauver des vies”. Pour lui, c’est donc “une chance” donnée aux outre-mers de bénéficier de cet essai. D’autant qu’il ne s’agit pas d’une molécule nouvelle ou d’un vaccin, “le plasma est un produit sanguin, on ne parle pas d’un procédé industriel. Il est produit et distribué par l’Etablissement français du sang. Pourquoi ne pas donner la chance à des patients qui aimeraient essayer pour guérir ? Tout est contrôle dans le respect de toutes les pratiques de l’agence national de sécurité du médicament” poursuit le praticien. “Le plasma, c’est comme une transfusion sanguine, chaque dose est testée deux fois, au prélèvement et avant la transfusion” explique-t-il encore.
En clair, il n’y a pas de risque de transmission de maladie. Le seul effet secondaire possible, “c’est l’allergie, mais on connaît bien ça, et c’est une contre-indication formelle” poursuit le médecin. “Au moindre effet secondaire, on arrête immédiatement” confirme Catherine Barbezieux qui a été “directrice de recherche dans une autre vie”.
Pour Issa Issa Abdou, il y a grand besoin d’un “travail de pédagogie auprès des élus” pour faire entendre “des arguments techniques excellents”.
En tout cas et sans viser personne nommément, la directrice du CHM l’assure, le procotole Coviplasm du professeur Karine Lacombe, “ce n’est pas un docteur fou qui va injecter je-ne-sais-quoi à je-ne-sais-qui”.
En attendant de voir si cette communication fera pencher la balance dans un conflit entre l’émotion et la raison, les discussions se poursuivent. Pour l’heure, l’essai n’est pas proposé chez nous.
Y.D.
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