C’est un coup de gueule en bonne et due forme qu’a poussé Michel Charpentier, président des Naturalistes de Mayotte ce mardi. Après un week-end de bivouac destiné à faire découvrir les tortues, lors duquel il a encore découvert un cadavre braconné, ce militant insatiable souhaite réveiller les consciences.
L’association avait déjà dénoncé une recrudescence du braconnage pendant le confinement, et déploré la relaxe de deux braconniers présumés, pour un vice de procédure, fin avril.
Or, depuis le 27 mars, ce sont pas moins de 12 tortues qui ont été découvertes dépecées sur les plages menant à Saziley. Cinq cadavres ont été trouvés sur la seule journée du 9 mai.
Michel Charpentier constate que les braconniers rivalisent d’imagination pour dissimuler leurs forfaits. “Le 9 mai, on constatait pour la première fois grâce aux traces que des tortues avaient été embarquées vivantes sur des pirogues. Sinon il y a la découpe sur place, ça se fait toujours. Mais ils essayent de plus en plus de cacher un minimum les restes, en laissant les nageoires sous la carapace, ou en les enfouissant dans le sable”.
Ces constats macabres “prouvent que le braconnage n’est pas fini, loin de là. Il y a encore beaucoup à faire et ce qui est fait reste très insuffisant. Il faudrait que la préfecture coordonne davantage les différents services qui ont une compétence éventuelle là dessus. Il y a déjà une coordination, parfois, mais s’il y a pas mal de monde qui est censé pouvoir intervenir, les forces de l’ordre sont plus sollicitées sur la question des immigrés que sur celle des tortues”.
“Si les défenseurs de la nature sont encore renvoyés dans les cordes, ça sera insupportable”
A défaut d’actions plus fortes des pouvoirs publics, l’association en appelle aussi au secteur privé, notamment les acteurs touristiques et associations, pour mener une surveillance. A Saziley, “c’est surtout sur les plages annexes qu’il y a une pression de braconnage, là où il y a plus de présence, il y a surtout plus de pression sur les braconniers”. Mais “sans plus de gendarmes et de policiers, les bénévoles ne pourront pas tout faire” prévient Michel Charpentier. Selon lui la situation prouve qu’à Mayotte “l’écologie n’a pas du tout commencé à percer”.
Une pétition réclamant plus de moyens publics dans cette action a toutefois recueilli plus de 62 000 signatures (lien ici).
Cette volonté de communication des Naturalistes survient alors qu’est prévu ce jeudi le procès en appel des deux individus surpris sur la barge avec plusieurs dizaines de kilos de viande de tortue pendant le confinement. “La décision du 28 avril était compréhensible sur le plan juridique mais elle a été très mal perçue, insiste Michel Charpentier. Si les défenseurs de la nature sont encore renvoyés dans les cordes, ça sera insupportable”.
Y.D.
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