“Nous voulons l’égalité”, scandaient la centaine de demandeurs d’asile africains réunis ce mardi 28 juillet dans les rues de Mamoudzou. La manifestation a commencé à 8h place de l’ancien marché. Les demandeurs d’asile africains ont ensuite fait plusieurs fois le tour du rond-point de la barge avant de se diriger vers la préfecture où une délégation de 6 d’entre eux ont été reçus par Jérôme Millet, l’actuel directeur de cabinet du préfet. Les manifestants ne s’en sont cependant pas tenu là puisqu’ils se sont ensuite dirigés vers Kaweni pour poursuivre leur manifestation.
Des conditions de vie très difficiles
La centaine de manifestants qui protestaient dans les rues de Mamoudzou demandaient une amélioration de leurs conditions de vie. La semaine dernière, une délégation d’entre eux avaient déjà été reçus par la mairie de Mamoudzou qui les avaient renvoyés vers la préfecture. « Nous n’avons pas d’hébergement, pas d’aides sociales et nos enfants ne sont pas scolarisés », nous explique Bakidi, le leader du mouvement qui affirme que les conditions de vie des demandeurs d’asile africains sont très difficiles à Mayotte. En effet, ils ne bénéficient pas des mêmes droits que les demandeurs d’asile qui se trouve dans l’hexagone. En cause, la jeunesse du département qui s’aligne lentement vers la métropole. D’aucun se plaignent de la lenteur des procédures de régularisation tandis que les autres s’indignent de leurs conditions de vie. La plupart sont venus en kwassa depuis l’Afrique, fuyant la guerre ou la répression politique qui a cours sur le continent. N’ayant droit qu’a des bons de 30 euros par mois de la part de l’Etat, soit un euro par jour, la plupart de ces demandeurs d’asiles vivent de petites « bricoles » comme la vente clandestine d’oignons au marché de Mamoudzou par exemple. « La police nous pourchasse pour cela car ces ventes sont illégales. Nous le savons, mais comment survivre autrement ? » ? nous explique Félicien, l’un des participants à la manifestation. « Nous récoltons des amendes que nous ne pouvons pas payer et qui sont inscrites à notre casier judiciaire, c’est injuste ! », s’indigne-t-il.
Faute d’hébergement, beaucoup sont obligés de vivre dans la rue et certaines jeunes filles se font même violer de ce fait. C’est ce que nous a expliqué une mère de famille éplorée devant la préfecture. Celle-ci regrette même d’avoir quitté son pays étant donné les conditions indignes dans lesquelles elle vit avec sa famille. Certains trouvent à se loger dans des bangas sans eau ni électricité ni sanitaires. C’est le cas de Idi Abedi qui a fui le Burundi pour des raisons politiques. Après 4 jours de voyages en mer en kwassa, il s’est retrouvé à la rue à Mayotte avant de trouver un banga qu’il loue à 150 euros par mois. Il ne peut le payer qu’en vendant des oignons sur le marché tout en se faisant régulièrement pourchasser par la police. « Ce n’est pas normal, nous avons le droit de vivre, de manger et de scolariser nos enfants. Ici, est-ce la France oui ou non ? », s’indigne-t-il.
Des discussions à demi satisfaisantes
Une délégation de 6 demandeurs d’asile a été reçus par le sous-préfet Jérôme Millet. Pour ce dernier, les discussions se sont très bien passées. « Leurs arguments étaient bien exprimés et ils ne mettaient pas la France en cause », nous a-t-il déclaré. Cependant, pour lui, les problèmes d’hébergement des demandeurs d’asiles africains sont les mêmes que ceux de la plupart des Mahorais. « A cause notamment de la crise de la covid, nos capacités d’hébergement d’urgence sont saturées », a-t-il déclaré. Il leur a cependant assuré que plusieurs associations prendraient leur apporteraient bientôt une aide alimentaire. « Cette aide est inconditionnelle, que l’on soit Mahorais, demandeurs d’asile ou étrangers en situation irrégulière », a-t-il précisé. Il a toutefois indiqué que les autorités étaient quelque peu débordées car en 6 ans, il y a eu 8 fois plus de demandeurs d’asile soit 2500 personnes, ce qui est « considérable » pour le sous-préfet. Il a reconnu que la crise de la covid avait ralenti le traitement des dossiers, mais il s’agit d’un fait indépendant de la volonté de la préfecture. Par ailleurs, il a précisé que 80% des dossiers des demandeurs d’asile n’étaient pas acceptés en tant que tel.
S’ils sont satisfaits d’avoir été reçus par la préfecture, les demandeurs d’asile ne sont qu’à moitié satisfait de ces discussions car le problème des hébergements notamment n’a pas trouvé solution. Toutefois, les efforts dans l’aide sociale promise par le sous-préfet a quand même été un soulagement pour eux. Ils pourront désormais bénéficier de 30 euros par semaine chacun d’après ce que nous a rapporté Bakidi, le leader du mouvement. Par ailleurs, la municipalité de Mamoudzou leur a assuré que leurs enfants seront dorénavant scolarisés. « Nous n’avons obtenu que 30% des réponses que nous étions venus chercher », déplore cependant Bakidi qui affirme que les protestations des demandeurs d’asile africains ne vont pas s’arrêter là. Ils vont se réunir dimanche prochain pour décider quelles suites ils comptent donner au mouvement.
N.G
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