A la suite de la violente agression de l’enseignante du collège de Majicavo alors qu’elle rentrait chez elle, une réunion s’était tenue dans l’établissement, en présence notamment du procureur. Camille Miansoni avait déploré un déficit des dispositifs de prévention sur la commune, où peu de Conseils locaux de Sécurité et de Prévention de la Délinquance (CLSPD) sont réunis. Et quand ils le sont, l’absence du maire est soulignée.
Mardi dernier, Assani Saindou Bamcolo était bien présent pour un CLSPD à14h en mairie, en présence du vice-procureur prés la Cour d’Appel de Saint Denis, récemment arrivé sur le territoire, de la directrice de cabinet du préfet Laurence Carval, en deuxième séjour à Mayotte, du capitaine Chamassi, Chargé de mission au cabinet du préfet, du lieutenant colonel de gendarmerie Bruno Fhima, ainsi que des représentants de la PJJ, de la police municipale, et de différentes associions intervenants dans la prévention de la délinquance.
Au centre des échanges, le contexte de violence qu’a connu Koungou il y a dix jours, avec caillassages, barrages nocturnes, etc. Ce que la gendarmerie traduit en chiffres : sur les 16 communes en zone gendarmerie, 20% des faits de délinquance sont issus de Koungou. Il faut souligner qu’il s’agit de la 2ème plus grosse commune de l’île après Mamoudzou, mais la situation est malgré tout inquiétante, puisque le constat est que les violences sont en augmentation sur Koungou : il y avait 128 faits recensés de caillassage en 2019, en hausse à 178 sur les 8 premiers mois de 2020. Et avec une période longue de confinement… Autre fait alarmant, sur 17 jeunes détenus au centre pénitencier, 7 sont issus de Koungou.
Chaque case cochée
Pour le préfet, une des réponses est portée par le pacte de sécurité signé avec les maires. Laurence Carval en a décliné trois points majeurs : l’action de la police municipale et de la gendarmerie, la mise en place de la vidéo-surveillance et de l’éclairage public. L’autre réponse, c’est la mise en place des groupes de médiation inaugurés à Tsingoni la semaine dernière.
En attendant, la commune a vu se développer des comités de vigilance, comme nous l’expliquions, qui ont du se coordonner, certaines associations arrivant de Kawéni. Ça va mieux sur les deux Majicavo, Koropa et Lamir.
Et tout ne va pas mal sur la commune, puisque le principal du collège de Koungou soulignait un comportement majoritairement positif de ses 2.000 élèves. Les regards se tournaient donc vers les mineurs en difficulté. Certains évoquaient des jeunes sans référent, ce qu’avait écarté l’élu en charge du social au conseil départemental, « ils sont pris en charge dans nos services ». Etant donné que la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ) est souvent la 1ère réponse éducative pour ces jeunes, il faut en déduire qu’un travail est à mener avec les parents sur l’ensemble du territoire.
Le capitaine Chamassi en profitait pour évoquer un de ses bébés, la mise en place de conseils pour les droits et devoirs des familles, dans l’ensemble des mairies. Il s’agit dans un 1er temps d’une enquête sociale, qui cartographierait tous les bangas et les cases de la commune, y compris sur les hauteurs, avec descriptif du profil de la famille, ses difficultés à élever ou pas ses enfants, et leur scolarisation ou pas. Ils pourraient ensuite et en cas de problème être confiés à des associations comme la Croix Rouge. Un bon complément de l’action menée par le conseil départemental de maillage territorial, justement mis en œuvre par la Croix Rouge.
Rappelons enfin l’opération de formation de 60 jeunes en BAFA citoyens, qui sont positionnés eux-aussi autour de la parentalité et de la cohésion sociale dans le cadre du Festival du Jeu.
Anne Perzo-Lafond
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