Le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) publie sa 4e édition du bilan statistique « Insécurité et délinquance » pour l’année 2019, dans un contexte exceptionnel : la sortie prévue initialement le 31 mars 2020 en a été décalée suite à la crise sanitaire liée au Covid-19. Ce bilan statistique annuel complète et affine la première photographie de la délinquance en 2019 publiée dès le 16 janvier 2020 dans l’Interstats Analyse n°24.
Etant donné que les victimes d’infractions ne déposent pas toujours plainte, ces données enregistrées par la police et la gendarmerie nationales sont complétées par des résultats de l’enquête de victimation Cadre de vie et sécurité (CVS) de l’INSEE auprès d’un échantillon de la population. Elle a été menée en 2020 à Mayotte.
Le nombre de victimes d’infractions violentes dans les Outre-mer est plus important qu’en métropole, alors que les vols non violents sont moins nombreux ainsi que les cambriolages. Cependant chacun des territoires ultramarins a ses propres spécificités.
Officiellement moins de violences familiales à Mayotte
Les victimes de coups et blessures volontaires, et dans une moindre mesure celles de violences sexuelles, sont relativement plus nombreuses dans les territoires ultramarins.
Étonnamment les violences intrafamiliales sont indiquées comme particulièrement fréquentes dans tous les Outre-mer hormis à Mayotte, graphique à l’appui. On sait qu’elles ne sont pas toujours révélées, restant dans un huis clos familial. Hors de la sphère familiale, le nombre de victimes de violences rapporté à la population reste relativement stable comparé à 2018, à un niveau deux fois plus élevé qu’en métropole en Guyane, en Guadeloupe, à Mayotte, ainsi qu’en Nouvelle-Calédonie.
Le nombre de victimes de cambriolages de logements continue de baisser dans tout l’Outre-Mer (hormis en Martinique).
Mayotte 2ème territoire pour les vols avec violence
Le nombre de victimes de vols violents continue de baisser ou se stabilise dans les Outre-mer à l’exception de la Guyane, mais il reste plus élevé dans les Outre-mer qu’en métropole (1,9 pour 1.000 habitants contre 1,3) (figure 1). Avec une hausse du taux de victimes pour 1 000 habitants, la Guyane est toujours largement en tête en nombre de victimes de vols violents (6,5). Elle est suivie de Mayotte (3,2) où le taux baisse légèrement. La Guadeloupe enregistre une légère hausse. A la Martinique cet indicateur est légèrement inférieur au niveau moyen des Outre-mer. A contrario il est très nettement inférieur en Polynésie et en Nouvelle Calédonie à celui de la métropole.
Un classement où nous grimpons peu à peu, alors qu’il y a dix ans, nous étions en queue de peloton.
On note davantage de victimes de violences physiques et sexuelles dans les territoires ultramarins. En métropole, on note 0,8 victime de violences sexuelles (viols, tentatives de viols, harcèlements et attouchements sexuels) pour 1.000 habitants en 2019. Ce taux est beaucoup plus élevé en Guyane (1,7) qui enregistre par ailleurs une forte hausse. L’écart est un peu moins important dans les autres DOM qui affichent généralement un niveau supérieur à la métropole.
Le nombre de décès à la suite de violence est plus élevé dans les territoires où la violence est plus présente. Le nombre d’homicides est également beaucoup plus élevé qu’en métropole : en moyenne sur 3 ans (2017-2019), on déplore en métropole 1,3 victime pour 100 000 habitants. Ce ratio est de 3,2 en Polynésie, 4,6 à Mayotte, 5,1 en Martinique, 5,7 en Nouvelle Calédonie, 7,2 à la Guadeloupe, et 10,5 en Guyane. En revanche, la Réunion se situe proche de la moyenne métropolitaine avec un ratio de 2 victimes pour 100.000 habitants.
On observe en 2019 une baisse sensible des cambriolages en Guyane et Guadeloupe, une baisse moins marquée à Mayotte, mais a contrario une forte hausse en Martinique.
La fréquence des vols sans violence contre les personnes (de type pickpocket) est bien plus faible dans l’Outre-mer qu’en métropole. L’année 2019 enregistre une relative stabilité dans la plupart des Outre-mer, malgré un rebond en Guyane. A l’opposé, ce type de délinquance continue de baisser en Polynésie française.
Lire Insécurité et délinquance en 2019 – bilan statistique
A.P-L.
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