Son témoignage sur la toile a glacé tout le monde : une maman dit avoir cru sa mort arriver après avoir été bloquée par un barrage à Dzoumogné vers 1h du matin. Son enfant de 13 mois ayant beaucoup de fièvre, elle l’avait emmené au centre de référence hospitalier de Dzoumogné. C’est en voulant retourner chez elle à Acoua qu’elle s’est retrouvée face à un barrage en flamme. Ayant tenté de forcer le passage, elle est finalement obligée de stopper, et de sortir de la voiture, « Je me suis vue mourir ils ne m’ont pas touché, ils ont tout pris », rapporte-t-elle, et ce n’était pas faute de leur indiquer que son bébé de 4 mois l’attendait à la maison. Appelée, la gendarmerie ne serait arrivée sur place que trois-quarts d’heures plus tard selon nos confrères de Flash Info qui ont relayé son témoignage.
Autre lieu, autre histoire. Vendredi dernier, un groupe d’amis s’est retrouvé au restaurant à Combani, avant de rentrer chez eux, certains dans le sud, d’autres, sur Mamoudzou et Koungou. Déconseillé pour ces derniers de passer par Vahibé à 23h en raison de potentiels caillassages, leur dit-on, ils ont du faire le tour par Coconi.
La suite logique et néfaste de ces témoignages, serait que chacun reste chez soi le soir, par crainte de tomber sur de mauvaises rencontres. Laisser la rue et la nuit à ces bandes, ce serait abdiquer, et installer de fait des zones de non droit pour les habitants. Et encore une fois, donner une piètre image de l’île. Il faut au contraire occuper le terrain, et circuler en nombre, mais pas sans garantie.
Peu de patrouilles nocturnes
Nous avons contacté la gendarmerie, pour nous étonner du peu de patrouilles rencontrées lors de nos sorties nocturnes. « Pourtant, nous faisons des rondes toutes les nuits, nous explique le colonel François Bisquert, les brigades tournent sur les créneaux horaires sensibles, propres à chaque zone ». Nous ne dévoilerons pas ces plages horaires ciblées, mais l’officier certifie que tous les axes sont couverts sur des horaires différents la nuit, « nous nous adaptons à chaque fois en fonction des évènements ».
Pourtant, la victime de Dzoumogné a dû attendre 45 minutes, « c’est vrai, ça peut être long en fonction du lieu où se trouve le Peloton de Surveillance et d’Intervention de la Gendarmerie, et, s’ils sont pris sur une autre intervention, il faut mobiliser une nouvelle équipe qui doit alors s’équiper. »
Un constat s’impose, il faut tripler, voire plus en coefficient multiplicateur, les patrouilles de nuit pour assurer la tranquillité et rassurer les usagers de la route qui peuvent avoir des urgences comme cette maman d’Acoua.
Ces bandes nocturnes de coupeurs de route restent « un problème », pour l’officier en raison de la mobilité des jeunes qui se fondent dans la nature, deux heures de riposte avaient été nécessaire à Dzoumogne. « Cagoulés et maintenant munis de gants, nous ne pouvons procéder à des interpellations ultérieures que si nous avons des témoignages précis, notamment des photos ou des vidéos. » Mais pas évident de dégainer son téléphone quand il faut débouler sur un barrage.
Nous glissons le lien utile aux pré-plaintes en ligne, nous l’avons testé efficacement.
Ce fut l’objet premier de la manifestation de 2018, et répété par tous les acteurs économiques de l’île, Mayotte ne s’en sortira qu’avec une sécurité et une sérénité retrouvée, avec des forces de sécurité en nombre suffisant, et résultat d’un travail acharné de prise en charge quotidienne de ces jeunes.
Anne Perzo-Lafond
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