Si vous n’avez pas entendu les explosions déclenchées en fin de semaine dernière à Dzoumonié et Mamoudzou, c’est normal. Malgré des charges importantes (jusqu’à 70kg d’explosifs miniers), les détonations ont lieu sous terre, dans des forages ad-hoc à plus de 20m de profondeur. En tout, ce sont pas moins de 700kg de tubes explosifs qui doivent être utilisés pour cette campagne.
Tout au long du mois d’octobre, cette campagne scientifique intitulée RefMaoré doit mesurer la diffusion des ondes sismiques dans le sol à l’aide d’explosions programmées. Puisque les scientifiques savent précisément l’emplacement et la puissance de chaque détonation, les données recueillies permettront à l’avenir de mieux localiser les séismes enregistrés au large, voire de cartographier le sous-sol de Mayotte, comme cela a pu être fait à La Réunion. De quoi offrir une meilleure connaissance scientifique mais aussi une meilleure prévention des risques sismo-volcaniques.
Jean-Michel Baltassat, physicien au BRGM (bureau de recherches géologiques et minières), dirige ces opérations à terre.
Il s’agit selon cet ingénieur de “contribuer à définir la distribuer la vitesse sismique du sous sol de Mayotte et in fine arriver à une meilleure localisation des tremblements de terre et de l’évolution du phénomène sismo volcanique en mer.”
Concrètement, 10 sites ont été définis le long d’une ligne qui coupe le nord de Mayotte l’ouest en est, dans le prolongement de la ride volcanique cartographiée sur le fond marin entre Petite Terre et le nouveau volcan.
“Le long de ce profil, on va tenter d’obtenir un profil de vitesse sismique, qui va nous aider à mieux localiser les séismes qui ont lieu en zone marine à l’est et mieux comprendre l’évolution du phénomène.”
Si la localisation des séismes est le premier enjeu de cette campagne, celle-ci ouvre la voie à d’autres études.
“Il y a de l’information car les vitesses sismiques sont représentatives de différents types de lithologie, on espère avoir une meilleure connaissance du sous sol de Mayotte. Ca va nous aider à mieux connaître la structure de Mayotte et de mieux connaître les phénomène globaux sismovolcaniques. D’autres investigations sont prévues en mer, sous la forme de profil sismique également, mais complètement en mer, et qui vont détailler encore plus ces aspects géologiques, dans un but de connaissance géologiques, qui donneront plus d’idées sur les dégagements de gaz.
A plus long terme on a un troisième projet qui suit le même principe mais sur tout une surface pour avoir une idée de la structure de Mayotte en 3D, ce projet n’a pas été validé mais on espère le faire d’ici 2 à 3 ans.”
A plus court terme, c’est le Marion Dufresne qui fera son retour aux portes du lagon.
“Des opérations en mer sont prévues avec le Marion Dufresne, ils réalisent des observations géologiques par dragage au fond de l’eau et par bathymétrie” précise aussi l’ingénieur du BRGM.
Les premiers résultats seront connus dans plusieurs mois, en raison d’un temps important de traitement des données.
Y.D.
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