30.9 C
Dzaoudzi
vendredi 22 novembre 2024
AccueilEconomieLe CESE souligne une vie toujours chère en outre-mer… à quand les...

Le CESE souligne une vie toujours chère en outre-mer… à quand les contrôles ?

Fracture et paupérisation ont été aggravées partout par la crise Covid, et l’outre-mer n’y a pas échappé. Le conseil économique social et environnemental dresse un constat pessimiste dans les territoires ultramarins. Et pourtant, des lois existent.

Victorin Lurel, alors ministre des outre-mer, s’y était attaqué de manière pragmatique : la « vie chère », qui agite régulièrement de banderoles les artères ultramarines, et Mayotte n’y a pas échappé notamment en 2011, est une nouvelle fois le sujet d’un rapport. Le Conseil économique, social et Environnemental réuni en plénière ce 14 octobre a débattu autour de son rapport, « Pouvoir d’achat et cohésion sociale dans les Outre-mer : fractures et opportunités ».

En façade, il est pointé l’isolement qui provoque des frais d’acheminement supérieurs ou l’étroitesse des marchés, mais en réalité, les outre-mer sont encore soumises, en tout cas pour Mayotte, à une économie de comptoir qui maintient notre dépendance à la métropole.

Un objectif pourtant visé par la loi contre la vie chère Outre mer de Victorin Lurel d’octobre 2012, qui interdisait aux grossistes de faire valoir des contrats d’exclusivité des marques, et qui obligeait la cession de magasins en cas de position dominante. Pourtant, une étude de l’INSEE Mayotte de février 2016 avait fait valoir que les marges des entreprises mahoraises sont deux fois plus élevées qu’en France, 43% contre 21%, principalement dans le commerce et le bâtiment.

Tout cela met en évidence l’absence de moyens pour faire respecter la loi, avec un nécessaire renforcement de la Direction de la concurrence et de la répression des fraudes à Mayotte. Lors de son dernier passage à Mayotte, l’ex-ministre des outre-mer Annick Girardin avait dû elle-même régenter un abus sur l’exclusivité d’une marque dans une entreprise locale.

Aux mêmes maux, l’absence de remèdes

Victorin Lurel lors de sa visite à Mayotte en octobre 2013, peu après l’adoption de sa loi contre la vie chère

Un point régulier sur le contrôle et l’affichage du Bouclier-Qualité-Prix ne serait pas un luxe.

Surtout que le CESE appelle à faire mieux, « Suite à la crise sanitaire du Covid-19, les prix des denrées alimentaires, de l’eau, des télécommunications et du fret, doivent être contrôlés par le Préfet et faire l’objet, si nécessaire, d’un arrêté de fixation des prix, afin d’éviter toute flambée par rapport à ceux de l’hexagone. » Là encore, l’écrire et le décider ne sont pas suffisant pour garantir son application.

A La Réunion, la Confédération nationale du Logement et de la consommation dénonçait la semaine dernière une majoration, tout à fait légale, de 33% des médicaments dans les DOM.

Autre phénomène qui date, l’importation de produits de consommation courante depuis les pays de la zone régionale se heurte apparemment toujours aux problèmes de normes, non compatibles avec la réglementation européenne. Un travail avait été mené sur ce sujet par l’ADIM et la CCI à Mayotte.

Octroi de mer ou TVA ?

L’octroi de mer régulièrement sur le bancs des accusés

Le CESE appelle aussi les distributeurs locaux à intégrer davantage la production locale, notamment de fruits et légumes, sur leurs rayons. Cela sous-entend une structuration des filières de production à Mayotte et leur fiabilité sur la durée. Peu en ont fait la preuve.

Les deux autres accusés de cette inflation ultramarine, sont traditionnellement la prime vie chère des fonctionnaires accusée d’entretenir un palier haut des prix par leur pouvoir d’achat, et dans le rapport du CESE, l’octroi de mer. Cette taxation à l’importation a fait l’objet de multiples rapports accusateurs, le dernier en date de la Fondation pour les études et recherches sur le développement international (FERDI) le dénonçant comme « dévoyé et inefficace ».

Le CESE recommande une nouvelle étude sur l’impact global de cette taxe dans la formation des prix avant d’envisager une évolution vers une taxe sur la valeur ajoutée locale.

Alors que l’INSEE avait noté un écart croissant entre les plus riches et les plus pauvres à Mayotte où 40% des plus pauvres sont 20% plus pauvres qu’en 2011 et vivent avec moins de 160€/mois et par habitant, pour le CESE « il y a urgence à s’attaquer à la paupérisation et au délitement de la cohésion sociale », dans les outre-mer.

Anne Perzo-Lafond

Anne Perzohttps://lejournaldemayotte.yt
Anne PERZO Le journal de Mayotte https://lejournaldemayotte.yt

Comments are closed.

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

L'actualité

AVIS DE CONSTITUTION AUTO SHOP 976

139520
  Par acte SSP du 14/09/2022, il a été constitué une SAS dénommée : AUTO SHOP 976 Siège social : 25 Rue Bahoni 97615 Pamandzi Capital :...
+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours
Campagne, politique, Mayotte

Tribune – De l’art du discours à la formule

139520
Qui pour relever les défis de nos grands orateurs du passé ? Peu de noms émergent de la tribune de Madi Abdou N'tro, voire aucun, sur les dernières campagnes, laissant sans doute "un sentiment d'imposture" chez les électeurs

Départementales Sada : remaniements en vue au conseil départemental

139520
L’issue du scrutin a parlé : c’est donc le binôme Soula Saïd Souffou/Mariam Saïd Kalame qui intègre les bancs de l’assemblée départementale. Ce qui implique des réélections au menu du conseil départemental les jours prochains. Avec l’éventualité d’une refonte complète des vice-présidences, comme nous l’expliquons

Départementales partielles : Soula S. Souffou et Mariame S. Kalame élus avec 52,26% des voix

139520
Ils étaient en tête au premier tour, et ont creusé l’écart à l’issue du second : le binôme surprise Souffou/Kalame qui n’était pas présent sous cette configuration en 2021, est le nouveau duo d’élus qui intègre le conseil départemental.
Comores, Azali Assoumani

Comores : un ténor de l’opposition appelle à une désescalade politique

139520
L’ancien gouverneur de la Grande-Comores, Mouigni Baraka Said, estime qu’il est temps de dialoguer avec le président Azali Assoumani dans l’intérêt du pays et de la population. L’homme politique se reconnait toujours dans l’opposition mais s’oppose toutefois à "ces querelles sans fin et sans véritable perspectives de sortie de crise". Une démarche mal digérée par les autres opposants qui refusent tout dialogue avec le président Azali Assoumani depuis son élection le 24 mars 2019.
Départementale, Sada, Mayotte

Départementales partielles à Sada : Saïd Souffou-Mariam Kalame en tête

139520
Le 1er tour de l'élection partielle des conseillers départementaux du canton de Sada se tenait ce dimanche 25 septembre. Le canton est toujours scruté de prés pour être l'un des épicentres politiques locaux. Les élections...