« Cela fait 5 ans que nous travaillons sur ce projet, qui va enfin pouvoir sortir de terre », se réjouissait Zavar Akbaraly, gérant de l’hôtel Ibis Styles (Groupe Accor), dont la première pierre vient d’être posée. Il détenait auparavant les centres de contrôle technique à Mayotte qu’il a revendus depuis.
Devant des panneaux prometteurs sur le site, on commence à rêver de ce que l’hôtel va offrir, notamment aux équipages des compagnies aériennes, mais aussi aux particuliers et professionnels qui souhaitent dormir sur place avant les décollages matinaux.
Ce sont 80 chambres et trois suites, un atrium et une piscine, ainsi qu’une salle de restauration ouverte au grand public, et une salle de fitness panoramique, qui seront proposés. Tout cela en Petite Terre, « île entourée d’un riche environnement comme les tortues marines, les pailles en queue et une qualité d’eau de baignade exceptionnelle », rajoutait l’homme d’affaires réunionnais. La charte Mayénergie a été appliquée à la structure.
Un investissement de 12 millions d’euros, qui a bénéficié d’un prêt de 2,8 millions d’euros de l’Agence Française de développement (AFD), « nous intervenons à 50% sur du privé pour booster les apports financiers », déclarait son directeur Yves Rajat, de la même somme de la BFCOI, du fonds Feder pour 2,4 millions d’euros, de 2,3 millions de défiscalisation, et de 1,2 million d’euros de fonds propres.
“Mayotte n’est pas un protectorat pour quelques entreprises”
Un double symbole alors que débute ce mercredi le Forum économique de Mayotte. Il est à la fois la preuve que des investissements sont possibles à Mayotte, mais aussi de la persistance de freins « insupportables », dixit Jean-François Colombet.
Dans un discours percutant, le préfet a aligné les cibles : « En France, il faut passer à travers 5.000 lois et 8.000 décrets pour qu’un hôtel sorte de terre. » C’est particulièrement vrai à Mayotte où la frilosité des banques est notamment ancrée avec leur siège social, à La Réunion. Avec une piètre confiance dans le territoire. Sur ce sujet, le représentant de l’Etat félicitait les frère Akbaraly d’avoir « investi, alors que ce territoire est connu pour son insécurité, et la déscolarisation d’une partie de la jeunesse, vous avez eu la volonté de faire décoller ce département. »
Enfin, le dernier tir en règle concernait sans le nommer, le secteur du BTP, et plus si affinités : « Merci d’avoir montré que Mayotte n’était pas un protectorat pour quelques groupes et quelques entreprises. » De fait, pour avoir cherché des prix acceptables, ce n’est pas une des majors locales qu’a choisi Zavar Akbaraly, « ils n’étaient pas compétitifs », nous glisse-t-il, mais l’entreprise Makinen qui travaille en partenariat avec IBIS, nous explique son directeur Luigi Chiantella : « C’est le 4ème Ibis que nous construisons, après le Niger, le Tchad et le Gabon. » Le cabinet d’architecte retenu est Equipage de Paris.
Un hôtel qui sortira de terre 14 à 16 mois après que la première pierre fut posée ce mercredi par Zavar Akbaraly, Jean-François Colombet et l’adjointe au maire de Pamandzi. Il permettra la création de 35 emplois.
Anne Perzo-Lafond
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