“A Mayotte se joue actuellement une aventure scientifique extraordinaire” embraye Anne Lemoine du bureau de recherches géologiques et minières de Mayotte, devant un parterre de lycéens. La scientifique était accueillie au lycée de Dembéni avec son collègue Nicolas Taillefer pour dérouler devant les futurs bacheliers scientifiques la découverte du nouveau volcan, et les méthodes employées pour parvenir à ce résultat. Des premiers séismes “qui ont pu effrayer certains d’entre vous” aux premières images du monstre sous marin de 800m de haut, c’est toute une logistique qui s’était mise en branle, alors que la population était en grand besoin de réponses.
Après plus de deux ans d’essaim sismique, suffisamment de données ont été recueillies pour communiquer largement auprès des jeunes. C’est l’objet de la “semaine du volcan” portée par la préfecture et le rectorat. Dans ce cadre, une sirène était inaugurée ce mardi matin à Dembéni, afin de prévenir la population en cas de risque de vague-submersion. Le risque de tsunami est relativement faible, notamment en raison de la barrière, mais de nombreuses habitations sont exposées même à une vague d’un mètre seulement. Pouvoir alerter était donc une priorité, et la première sirène est désormais opérationnelle. “A terme, Mayotte sera équipée de 24 sirènes de ce type” informe la préfecture.
A quelques km de là, au lycée de Tsararano, un autre volet, plus éducatif, s’est joué l’après-midi, avec un échange entre élèves et scientifiques.
Didier Cauret, directeur de cabinet du recteur Gilles Halbout, explique la démarche.
“La logique, c’est à partir de conférences en différents endroits de l’île de mener une action de vulgarisation et de compréhension du phénomène mais aussi une action d’augmentation des connaissances des enseignants et de nos élèves. Il s’agit de montrer que la connaissance scientifique participe à la compréhension de ce qui se passe sur un territoire. Cela permet aux enseignants d’être plus efficaces en classe, mais c’est aussi permettre aux jeunes d’être en compréhension sans avoir peur et d’avoir une attitude raisonnée.”
Tout juste un an et demi après la découverte du volcan, le temps était donc venu de communiquer au sein d’établissements qui ont appris à vivre avec le risque sismique. Exercices d’évacuation, formation des enseignants contractuels, diagnostic des établissements, un travail a été mené en interne.
“Dès la fin du mois de juin 2018, tous nos élèves connaissaient la conduite à tenir en cas de séisme” poursuit Didier Cauret. Quant aux bâtiments dont certains avaient souffert des secousses, “tous sont désormais construits avec des normes sismiques supérieures” assure-t-il.
Cette semaine de rencontres se conclura vendredi par des échanges entre scientifiques au lycée des Lumières (ex Mamoudzou Nord). On en saura alors peut-être plus sur les découvertes les plus récentes.
Y.D.
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