Selon le Medef de Mayotte, le syndicat des eaux de Mayotte cumule une dette de 32 millions d’euros auprès des entreprises mahoraises. Ce point a été “le sujet majeur” de la rencontre qui a eu lieu à Paris il y a une semaine entre le Medef et le ministère des outre-mer. Carla Baltus, présidente du Medef de Mayotte salue une “prise de conscience de ça” de la part du gouvernement.
“Ce n’est pas de la compétence de l’Etat mais quand on parle de l’avenir de Mayotte, ces entreprises sont bloquées et ne peuvent pas se projeter sur des chantiers tant que leurs factures ne sont pas payées. Un accompagnement par l’Etat sera apporté” assure la représentante des patrons mahorais qui évoque une aide de 11 millions d’euros prise sur le plan de convergence.
“Cet accompagnement ne suffit pas”, appuie la représentante. “Sur ces 32 millions L’Etat propose 11 millions qu’il faudrait coupler à de l’emprunt. Il y a une bonne connaissance du sujet mais il va falloir encore monter au créneau pour trouver des solutions pour apurer ces dettes.”
La dette du syndicat des eaux freine en effet selon elle la capacité des entreprises à mener les travaux nécessaires au développement de l’île, à commencer par ceux liés à la crise de l’eau.
“Quand on parle des problèmes de l’eau, sans la troisième retenue collinaire on ne pourra pas régler ce problème. Or cette retenue ne sera pas livrée avant 5 ou 6 ans ça a été clairement dit. En attendant on va augmenter les forages et une ou deux usines de dessalement mais ce ne sont pas des solutions à court terme. Les ressources actuelles ne suffisent pas et ça ne va pas s’arranger avec une population qui augmente énormément. Il faut prendre ce sujet de l’eau à bras-le-corps, c’est un sujet de santé, ça peut être un frein au développement car sans eau on ne construit pas, ce n’est pas possible de continuer comme cela sans solutions adéquates.”
Mais tout n’est pas noir pour la présidente du Medef à l’issue de cette rencontre.
“On est en train de préparer le projet de lois de finance, on considère le CICE comme une victoire du Medef, on s’est assurés que ce dispositif serait bien conservé en 2021. Ils nous ont rassurés sur ce point” assure-t-elle. Elle réclame en sus “des exonérations de charges patronales” pour aider les entreprises à “accélérer le calendrier 2036” de convergence des droits sociaux. En clair la hausse des cotisations nécessaire au financement d’une retraite et d’un chômage à taux plein à Mayotte ne pourra se faire sans aide publique selon le patronat.
Par ailleurs, “sur les minima sociaux, on a essayé de faire comprendre au gouvernement qu’il faut donner une visibilité à la population. Le RSA est à 50%, demain il sera à 100%, on ne peut pas nous dire à chaque fois qu’on est bloqué à 50% car ça risquerait de créer un appel d’air. On a parlé des retraites, le président a promis une retraite à 1000€, il faut qu’elle soit donnée aux Mahorais.” La convergence des droits sociaux est un enjeu majeur pour le patronat : plus de pouvoir d’achat augmenterait la capacité de consommation des habitants, et boosterait l’économie.
Dernier grand point abordé, la formation professionnelle et la difficulté à garder à Mayotte les jeunes Mahorais diplômés.
“Sur la formation professionnelle c’est eux qui nous en ont parlé, ça prouve qu’ils sont dessus, ils ont pris conscience qu’il fallait une solution pour faire revenir les jeunes sur leur île, ça veut dire qu’ils vont mettre les moyens. Charge à nous de suivre les dossiers et d’accompagner les organismes de formation pour rendre efficient tout ce qui pourra être mis en place. Au Médef Mayotte on a créé un poste de coordinatrice régionale de la formation professionnelle, c’est un sujet qui nous tient à cœur. On est vigilants à ces nouveaux dispositifs” conclut la présidente.
Y.D.
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