Attendue autant que redoutée, la 2e vague épidémique de Covid-19 est bien arrivée à Mayotte selon l’ARS. Si sa directrice Dominique Voynet se refuse à “crier au loup”, la situation n’en est pas moins sérieuse.
“Nous sommes depuis 2 ou 3 semaines très à l’écoute des signaux qui remontent du territoire. Nous sommes convaincus d’être face au rebond. Nous avons dépassé les 50 cas pour 100 000 habitants chaque semaine, c’est suffisant pour affirmer que le virus circule à Mayotte.”
La stratégie de tests permet cette vision de la progression de l’épidémie. “Nous faisons des tests pour toutes les personnes symptomatiques et les cas contacts, on teste aussi des personnes qui se présentent spontanément, on a passé le seuil des 10% de tests positifs depuis plusieurs semaines. On est aujourd’hui à 13,4% de positifs, ce qui nous met en zone de vigilance” poursuit la directrice.
Deux grandes préoccupations sont évoquées. La première ce sont les clusters : trois sont recensés au RSMA, la quasi totalité sont dans des communes du sud où des rassemblements privés (mariage, famille, lieu de culte etc.) sont en cause. “On a remarqué des situations propices à la contamination qui sont comme en métropole les milieux fermés” confirme Dominique Voynet. L’arrivée des tests dits antigéniques permettra d’ici quelques jours des diagnostics en une demi-heure qui permettront d’agir encore plus vite sur l’identification des clusters et d’isoler les malades.
Avec “16 personnes hospitalisées dont 4 en réanimation” la situation est “tendue”. D’autant que le territoire n’est pas confiné. Lors de la première vague, il n’y avait pas d’accidents de la route, de chute d’arbre ou autres blessures d’extérieur susceptibles d’engorger les urgences ou la réanimation. C’est désormais le cas puisque les 16 lits de réanimation sont occupés.
Vigilance de chacun
“On sait que notre service de réanimation se sature vite, on se prépare à devoir accueillir davantage de malades. On combine un plan d’adaptation de l’hôpital et de déploiement des évasan si c’était nécessaire, avec La Réunion”.
L’heure est donc plus que jamais à la vigilance.
“On est toujours dans une phase de vigilance renforcée, l’objectif n’est pas de crier au loup. Mais je me dois d’inciter les Mahorais à faire des efforts importants pour éviter que la situation ne dégénère. On est revenus à la situation de la 1e vague, on est moins affolé car on a appris du virus et on sait ce qui sera efficace et ce qui l’est moins. Lors de la 1e phase on a été soulagé d’être confronté au COvid 6 à 7 semaines après la métropole. Pour l’instant on n’a pas encore besoin d’aide extérieure mais on est tendus“.
Si le taux de positivité des tests est important, une bonne nouvelle est à noter. Le R0, qui définit le nombre de personnes contaminées par chaque patient en moyenne, tourne autour de 1 depuis plusieurs semaines, ce qui indique que l’épidémie est présente mais ne progresse pas ou peu. “On maîtrise plus ou moins la situation” note, prudente, la directrice de l’ARS.
Y.D.
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