Il va faciliter la vie des soignants et accélérer considérablement les procédures d’isolement des malades. Le test antigénique fait son arrivée à Mayotte, mais de quoi s’agit-il exactement ? Le Dr Maxime Jean de l’ARS lève le voile sur ce dispositif complémentaire aux tests PCR.
JDM : Qu’est-ce qu’un test antigénique, et en quoi cela diffère du test PCR ?
“D’abord, il y a deux types de tests antigéniques, un qui est réalisé en laboratoire et un qui est réalisé en extra-laboratoire. C’est ce dernier qui nous intéresse. Ce sont ce qu’on appelle des TROD, des tests rapides d’orientation diagnostic, qui ne nécessitent pas de plateau technique et qui permettent aux professionnels de santé de les réaliser instantanément et là où ils sont, et de fournir un résultat de façon aussi instantanée.
Sur le principe on a un test qui peut ressembler à un test de grossesse : on a un dispositif avec une membrane sur laquelle se trouvent des molécules qui reconnaissent les antigènes du virus [l’antigène est la protéine du virus qui permet aux anticorps de le reconnaître et de le combattre NDLR]. S’il y a la présence de cet antigène dans le prélèvement, ces molécules vont accrocher cet antigène et une petite bande va apparaître sur la membrane. S’il n’y a pas d’antigène, la bande n’apparaît pas.
Comme pour les tests PCR ces tests nécessitent un prélèvement naso-pharyngé, ce n’est donc pas un test sanguin ou urinaire. On récupère avec un écouvillon nasal des sécrétions dans le pharynx et s’il y a présence d’antigène, la bande apparaît et le test est positif.”
Qu’est ce que les tests antigéniques apportent de plus que les tests PCR ?
“L’avantage majeur en termes de santé, c’est d’avoir un résultat rapide. La personne chez qui on suspecte une infection au coronavirus ressort avec son diagnostic, ça permet d’isoler les patients positifs instantanément, avec un arrêt de travail, une ordonnance de masque et des consignes d’isolement ou d’orientation vers le centre d’hébergement.
Cela permet donc une meilleure observance de l’isolement.
L’autre avantage intéressant c’est que les contacts à risque sont identifiés plus rapidement et sont eux aussi isolés et confinés avant que potentiellement ceux-ci ne puissent à leur tour transmettre le virus. Le gros avantage c’est le délai pour les positifs et pour les contacts.
Enfin, c’est moins cher que le test PCR : le prix du prélèvement par l’infirmier est le même mais celui de la technique est inférieur. C’est aussi une économie de moyens humains alors que la laboratoire du CHM est embolisé par son activité de tests PCR. Au laboratoire les tests PCR nécessitent un biologiste et un technicien de laboratoire qui du coup n’ont plus beaucoup de temps pour faire autre chose. Le fait que les tests antigéniques puissent être faits par des médecins, infirmiers, sage-femme, permettra au laboratoire de retrouver une activité de routine et de libérer du temps. Y compris pour les praticiens eux-même puisque ça peut être inclus dans n’importe quelle consultation médicale, ça ne nécessite pas une activité spécifique.”
Ces tests sont-ils plus ou moins fiables que les tests PCR, accusés de générer de faux positifs comme des faux négatifs ?
“Cela fait un moment qu’on entend parler de ces tests mais ils ont pris du temps à être mis sur le marché, il fallait que la Haute autorité de santé [HAS] confirme que ces tests ne sont pas moins performants que les tests PCR. Les autorités ont toutefois limité leur utilisation à un certain nombre d’utilisations. Le principe de la PCR c’est en effet d’amplifier le prélèvement pour arriver à la présence d’un signal positif, ce qui peut donner un positif alors qu’il n’y a plus de virus, chose que ne fait pas le test antigénique. La HAS a donné des instructions pour faire en sorte que les tests antigéniques soient réalisés quand il y a des symptômes depuis moins de 5 jours, dans les indications où on suppose qu’il y a suffisamment de virus pour le détecter.”
Les tests sont très performants mais il faut respecter des indications précises pour qu’il soit fiable.
“Ainsi, le test antigénique est pratiqué chez le patient symptomatique de moins de 5 jours, de moins de 65 ans et pas à risque de forme grave de Covid. On a commencé les campagnes, et quand on a une personne de plus de 65 ans ou avec des symptômes de plus de 5 jours, on fait un test PCR standard. Aujourd’hui il n’est pas indiqué chez les cas contact, ou l’analyse des clusters, en raison d’un délai difficilement estimable de transmission.
En revanche, il est indiqué pour des cas sans suspicion majeure mais où ça semble intéressant de voir ce qui se passe comme des personnes qui n’ont pas été symptomatiques ou en contact avec un malade. Dans ce cas la HAS estime que le test antigénique n’est pas une moins-value par rapport au test PCR. Par exemple pour les voyageurs, les étudiants, les détenus. Il va falloir l’utiliser de façon large s’il le faut.
Mais attention, le test antigénique, si on l’utilise mal, peut être moins bien que la PCR, il est fiable s’il est utilisé dans les cas prévus par la HAS.”
Ce qu’il faut retenir :
Le test antigénique repose sur un prélèvement nasal comme le test PCR. Le prélèvement est analysé par une languette similaire à un test de grossesse qui va détecter la présence d’antigène viral, et faire apparaître un trait si le test est positif. Le gros avantage est d’avoir une réponse en 20 à 30 minutes, contre plusieurs jours pour le test PCR, et d’avoir moins de risques de faux-positif. En revanche ce type de test nécessite une quantité importante de virus dans les sinus pour le détecter, il est donc contre-indiqué pour les patients symptomatiques depuis plus de 5 jours ou les patients asympatomatiques. Il est aussi plus rapide que le test sanguin, puisque ce dernier détecte les anticorps dans l’organisme, lesquels ne sont créés qu’une à deux semaines après l’infection, donc trop tard pour isoler le patient. Le test antigénique est notamment préconisé pour les voyageurs, et il ouvre la voie aux tests à grande échelle puisque son usage n’engorge pas les laboratoires.
Y.D
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