La zone qui est coupée d’eau ce vendredi matin va avoir du mal à l’avaler, mais nous sommes plutôt pas mal desservis en pluviométrie par rapport aux années sombres 2016 ou 2019. Mieux, octobre fut au dessus des normales de saison, et c’est Laurent Floch, monsieur météo Mayotte qui le dit : « Nous avons eu deux épisodes, dont celui qui nous a valu dans la deuxième semaine d’octobre plus de 120mm sur le centre de l’île, il est tombé en trois jours ce qui tombe en un mois. » Ce qui s’était traduit dans le bulletin Cons’eau de la préfecture par une stabilisation des niveaux moyen des deux retenues à 30%.
L’épisode de ce mercredi 11 novembre a réjoui la population, avec l’espoir de voir s’éloigner le spectre des coupures d’eau. « Il est lié à une confrontation de masses d’air en provenance de Madagascar, mais sur les dernières 72 heures, il n’est pas tombé plus que 70mm ». Les années précédentes, les semaines qui suivaient les pluies des mangues d’octobre étaient sèches et archi-sèches. En réalité, nos cerveaux nous jouent des tours en les prenant comme référence, « ce mois de novembre n’a pour l’instant rien d’extraordinaire. C’est une année normale, sans véritable coupure entre les pluies des mangues d’octobre et le kashkazi de janvier. »
Les prévisions sont encore à la pluie sur la fin de semaine, avec un horizon qui s’éclaircit ensuite, « nous n’attendons pas de prévisions plus importantes en novembre. » La bande qui nous sert de grenouille dans son bocal, c’est la Zone de Convergence Intertropicale (ZCIT) qui descend et se met en place mi-décembre habituellement, annonçant la saison des pluies.
2020, exceptionnelle de normalité
« Elle est déjà descendue plus à l’Est, vers le Sri Lanka, ce qui nous vaut deux phénomènes de cyclogenèse. Une perturbation s’est formée avec un faible risque de formation de tempête tropicale, et une autre vers Diego Garcia, est à l’état d’embryon. La saison cyclonique démarrant le 15 novembre, nous avons statistiquement nos premiers systèmes à cette date. »
Mayotte ne devrait pas trop mal s’en sortir, avec une « tendance normale voire plus humide que la normale ». Sans véritable césure donc, nous traverserons des journées sèches puis plus humides. Alors que les modèles avancent que le réchauffement climatique va réorienter la saison des pluies sur une période plus courte et plus intense en pluies. 2020 devient donc l’exception par sa normalité.
En matière de températures, la folle envolée des années précédentes s’est poursuivie jusqu’à mi-juillet, puis, après une semaine sous les normales, a repris jusqu’en octobre. « Mais depuis mi-octobre, elles ont marqué le pas pendant plusieurs jours. Nous serons donc sans doute sur une moyenne de seulement 0,3° d’anomalies positives sur cette fin d’année. »
En résumé, selon Laurent Floch, lorsque nous serons en 2030, « nous regarderons 2020 comme une année humide et normale. » Inquiétant ! Sortons nos sauts et nos bassines, et si nous avions un message pour les acteurs de l’eau, c’est donc « tais toi et creuse »… On va avoir besoin de forages !
Anne Perzo-Lafond
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